Du haut du mont Gurugu - Marie Bouts
 

Marie Bouts - Lille - 30 Décembre 2012
Chez Moi III (extraits) - Ian Monk
 

 

(…) et puis plus tard ce soir
quoi encore tiens du rosé en écoutant la
BBC qui raconte le nouveau cessez-le-
feu au Moyen-Orient c’est bien après la
terrible défaite subie par l’équipe anglaise de
cricket en Inde encore une fois non mais ça co-
mmence à bien faire quoi
la table tu vois est si comme
-nt dire cradingue quoi ben oui tout simplement co-
mme l’intérieur de mon désir d’une vie homme /
femme avec tout ce que ça implique tiens t’ima-
gines un peu le bordel non mais alors que la
radio chante maintenant ses histoires d’amour
toute seule dans le vide oui tout simplement un corps
puis un autre qui forment donc un troisième pour
faire quoi de sa vie si brève dans un film de gore
mis en scène par un bon dieu et un diable
de mèche depuis la plus belle des lurettes si ça
a un sens quelconque dans cette langue capable
de tout et n’importe quoi et surtout nota-
mment rendre pompeuses les choses faciles comme l’amour
justement ou tout simplement baiser quoi
la
parole ouvre encore la bouche à tout à toi pour
dire quoi un truc tendrement ridicule comme d’ha-
b comme par exemple non je te citerai
même pas je t’avais promis quelque chose c’est vrai
comme quoi je n’allais rien dire vraiment de toi et
moi dans mes écrits comme si toi et moi éti-
ons éternellement les anonymes de la farce et
le monde tournicotât là comme il pût sans nous si
possible sans qu’on se foutât de quoique ce soit
avant le croque-mort
tiens si t’as soif y a du
jus d’orange pour couper ta vodka
et si toi
tu veux par exemple tout bêtement tiens tu
vois ce que je veux dire écouter la radi-
o oui tu vois le truc que tes parents mettaient
le dimanche alors qu’ils faisaient quoi ben i
ls fignolaient le rôti par exemple bai-
saient en cachette sinon s’engueulaient comme des poi-
ssons vivants et gigotants vlan dans l’égouttoi
r droit devant ton nez mais quelle sale race les pro-
duits de tout ce qui fout là encore ouais l’amour a-
pparemment dans toute sa splendeur crassemment to-
talement ça (…)

 

 

 

Ian Monk - Lille - 30 Décembre 2012
Maintenant le oui - Ian Monk
 

 

maintenant le oui oui s'impose comme une soupe de potiron mollement
beurrée et jaunâtre le jour où justement tu veux de la bidoche
bien saignante et pourquoi pas tiens un ballon de rouge qui tache
puis allez un colonel et une eau de vie de gewurztraminer frappée
maintenant le oui dit oui parce qu’il a rien d’autre
à foutre de sa bouche puis ça fait un mou si joli
sous ton nez retroussé au-dessus de ton menton jugé sans intérêt
du point de vue de l’évolution évidemment comme le bon dieu
maintenant le oui fait oui oui oui tu fais je te le
fais là je sens moi le tien de toi aussi là oui
et toi de moi le vrai de vrai de Molly Bloom yes
qui clôture Ulysse qui fout la vie là où il le faut

 

maintenant le oui dit non aussi bien sûr non forcément à la
vie chiante et crasse à la campagne aux seaux en fer qui
galvanisent les regards des femmes le matin à l’odeur des bêtes
qui infiltre tes cheveux aussi gras comme le carrelage avant la wassingue
maintenant le oui dit non aussi aux petits pois grisâtres de la
cantine non à la purée poilue à gros bouts noirs aux pâtes
qui collent les unes aux autres recouvertes d’une sauce tomate luisante
et grasse qui fait fondre en longs fils élastiques ton gruyère râpé
maintenant le oui dit non aussi à la puanteur du prêtre et
de l’encens qui te colle à la peau comme une gitane
sans filtre qui bouffe les cils vibratiles paralysés de tes poumons noirs
non au silence non à cette longue nuit ne me quitte pas

 

maintenant le oui pisse ta vérité tout seul en rentrant en titubant
de chez les filles oui seul et silencieux et con et mou
juste comme il faut oui pissant ta putain de vérité de vinasse
de blonde contre la porcelaine de tes chiottes finement blanches et crades
maintenant le oui laisse immobile là ta langue rougeâtre râpeuse et flasque
oui elle reste collée là beurk contre ton palais de glace muette
comme l'armée française en soi-disant manœuvres dans un pays africain
soi-disant indépendant ta gueule alors oui n'en parlons surtout pas
maintenant le oui modèle ta vérité devant ta meuf adorée la mère
de tes enfants putain c'est pas de la tarte quand même
nom d'un nom alors qu'elle mouille encore grâce à son
oui à elle ta gueule encore connard sinon tout fout le camp

 

maintenant le oui c'est toi qui marches pieds nus dans un
champ par exemple oui ce sera un champ ça fait estival et
romantique à la limite un champ d'herbes folles et vertes et
non identifiables peu importe on est pas là pour admirer les graminacées
maintenant le oui c'est toi dans une robe noire mais pas
petite du tout tu te fous du look Chanel d'ailleurs tant
mieux peux pas supporter cette fausse libération de la femme ou cette
remise plombée sur un piédestal de merde du statut de la femme
maintenant le oui pour toi c'est la terre là sous tes
pieds là tu la sens comme les herbes qui te chatouillent les
pieds là puis les mollets et puis les cuisses et cetera puis
le monde tourne redevient dur et lisse sous tes chaussures de ville

 

maintenant le oui dit oui tout simplement aux bordels dans une perspective
tout simplement de redresser le commerce oui de créer des emplois de
cadrer les mecs qui se promènent la nuit bêtement qui ne comprennent
plus qu’un plus un égale trois le nient toujours pauvres cons
maintenant le oui c’est la flotte qui coule là entre tes
doigts entre tes larmes par exemple le dentifrice par exemple de toi
de l’autre par exemple peu importe ce qui compte c’est le goût
de la brosse à dents qui râpe ta langue comme la mienne
maintenant le oui c’est les légionnaires qui ont soif là comme
les plantes au balcon et qui te prennent là comme moi là
et qui draguent cognent et frappent causent je te vois tomber
sous le charme de leurs poings et moi aussi salut le macadam

 

maintenant le oui à partir d’un certain âge conchie allez disons
le clairement fout tous ses doigts ridés plein dans ta bonne poire
elle tombe en deux comme ça on sent les jus qui dégoulinent
sur ses poignets ridés lézardés de couteaux de cuisine de rasoirs bic
maintenant le oui dit oui à toi et ta conne oui à
toi et ta bite (saviez-vous que la mouille et le sperme
des gros dégueulasses sont indissolubles donc on risque pas d’attraper le
sida tomber enceinte et cetera mais bon les morpions gaffe quand même)
maintenant le oui à la vie c’est se dire vivre compliqué
c’est simple enfin simple comme bonjour comme la mort comme les
morpions qui te disent la vérité là simple comme le russe pour
un mafioso simple comme le clavier pour Thelonius noir sur blanc là

 

maintenant le oui te pose ses sept questions les voilà les voici
la matière brute est elle aussi conne que toi mon amour jolie ?
notre langage est-il à tous à moi toi ducon là-bas
qui cause tout seul son cul de vin blanc dans la lune ?
maintenant le oui recommence oui en léchant à ton insu la cavité
de sa dent de sagesse mais est-ce une métaphore et si
oui de quoi ? puis pourquoi on peut pas regarder le ciel vers
le bas aussi bien que vers le haut puisque l’Australie existe ?
maintenant le oui se demande si la lumière ne divise pas aussi
bien qu’un instit ? et si le vide le vide de tout ensemble
pouvant s’écrire dans l’espace du temps d’un corps ? puis
finalement c’est le silence mais le silence de quoi de qui ?

 

maintenant le oui bouge sa tête mollement pour acquiescer dans l’enfer
de la télévision écran plus plat que Jane Birkin dans lequel tout
un petit monde s’excite s’adore s’entre-bouffe on s’en
fout d’ailleurs mais eux ils brûlent les cons oui ils cuisent
maintenant le oui refuserait très bien s’il le pouvait le purgatoire
de son pauvre corps physique qui se croit moderne comme tout mais
qui reste aussi vieux que les poissons que les amibes même oui
il dure le temps qu’il dure entre deux bons feux infinis
maintenant le oui est en route là tête haute vers le paradis
fiscal de bon dieu oui à contrecœur d’ailleurs vers l’idée
affreuse d’une vie éternellement ennuyeuse chez les chiants sans même avoir
l’espoir de crever un jour oui de claquer la porte adieu

 

maintenant le oui dit une fois rien pourquoi parce que c’est
tout c’est tout ce qu’il a à dire et il
le dit haut et fort comme un cri d’amour comme un
poème lyrique comme un discours politique comme un article de presse mondaine
maintenant le oui dit deux fois rien pour le même prix allez
profitez oui profitez avant que ce soit trop tard oui madame venez
par ici que je t’entube que je t’embobine que je
te vide de ton fric pour un rien plus con que toi
maintenant le oui dit trois fois rien comme un sortilège de mes
deux il fait son John Cage mais trois fois plus fort oui
mais il s’en faut en même temps s’en fout de
tout de toi aussi d’ailleurs de toi surtout mine de rien

 

maintenant le oui crie qu’il y en a plus c’est
ça qu’il reste que dalle maintenant c’est la dèche totale
quoi c’est ça qu’il dit c’est ça rien à
faire donc rien à espérer de ce côté-là rien du tout
maintenant le oui est donc obligé de faire quoi de se souvenir
voilà quoi de souvenirs souvenir de quelque chose à l’époque où il
en restait il y a longtemps quand il y en avait encore
où ça courait la rue où ça battait la campagne profonde aussi
maintenant le oui dit merde enfin pas d’accord du tout
enfin mais du tout du tout parce que quand il y en
a plus y en a encore quand tout le monde le sait oui
même le plus con d’entre nous le sait parfaitement parfois hélas

 

maintenant le oui dit oui encore à quoi au meurtre voilà quoi
c’est simple les meurtriers ça existe pas y a que des
gens comme toi et moi qui passent à l’acte voilà quoi
que les gens encore plus gentils que toi et moi en fait
maintenant le oui dit oui aux pieds de biches par exemple voilà
une belle fin n’est-ce pas mal non là avoir planté
dans son crâne faisant dégouliner ketchup et cerveau d’agneau sur la
belle moquette de la meuf de ta vie puis le papier peint aussi
maintenant le oui refuse carrément de parler et surtout de parler le
français malgré que ce soit la langue la plus belle au monde
ou un truc débile de ce genre là non vaut mieux fermer
sa gueule à mon avis sauf si t’as rien à dire

 


maintenant le oui oui oui oui oui oui et cetera jouit comme
con qui gueule sur la terrasse d’un stade de foot comme
estomac qui recrache sa bile jaune son rosé bas de gamme comme
intestin qui lâche sa purée diversement et variablement marron et molle comme
intellectuel avec une idée tu vois si originalement originelle et obscure comme
conne qui tombe sur un sac Louis Vuitton pour pas cher comme
le monde qui fait pousser des volcans des geysers des orchidées comme
homme politique qui se fait élire et chante mal la Marseillaise comme
ivrogne qui pisse sa bière sur lui et s’en fout comme
chien ou chat ou cerf ou sanglier ou baleine peu importe comme
le silence qui redescend subitement chut là sur la connerie humaine comme
moi là entre tes cuisses si douces si bien à toi là

 

 

 

 

Ian Monk - Lille - 2 Avril 2012
Maintenant le oui, 10, 11 & 12 - Ian Monk
 

10

maintenant le oui crie qu’il y en a plus c’est

ça qu’il reste que dalle maintenant c’est la dèche totale

quoi c’est ça qu’il dit c’est ça rien à

faire donc rien à espérer de ce côté-là rien du tout

maintenant le oui est donc obligé de faire quoi de se souvenir

voilà quoi de souvenirs souvenir de quelque chose à l’époque où il

en restait il y a longtemps quand il y en avait encore

où ça courait la rue où ça battait la campagne profonde aussi

maintenant le oui dit merde enfin pas d’accord du tout

enfin mais du tout du tout parce que quand il y en

a plus y en a encore quand tout le monde le sait oui

même le plus con d’entre nous le sait parfaitement parfois hélas

 

 

11

maintenant le oui dit oui encore à quoi au meurtre voilà quoi

c’est simple les meurtriers ça existe pas y a que des

gens comme toi et moi qui passent à l’acte voilà quoi

que les gens encore plus gentils que toi et moi en fait

maintenant le oui dit oui aux pieds de biches par exemple voilà

une belle fin n’est-ce pas mal non là avoir planté

dans son crâne faisant dégouliner ketchup et cerveau d’agneau sur la

belle moquette de la meuf de ta vie puis le papier peint aussi

maintenant le oui refuse carrément de parler et surtout de parler le

français malgré que ce soit la langue la plus belle au monde

ou un truc débile de ce genre là non vaut mieux fermer

sa gueule à mon avis sauf si t’as rien à dire

 

 

12

maintenant le oui oui oui oui oui oui et cetera jouit comme

con qui gueule sur la terrasse d’un stade de foot comme

estomac qui recrache sa bile jaune son rosé bas de gamme comme

intestin qui lâche sa purée diversement et variablement marron et molle comme

intellectuel avec une idée tu vois si originalement originelle et obscure comme

conne qui tombe sur un sac Louis Vuitton pour pas cher comme

le monde qui fait pousser des volcans des geysers des orchidées comme

homme politique qui se fait élire et chante mal la Marseillaise comme

ivrogne qui pisse sa bière sur lui et s’en fout comme

chien ou chat ou cerf ou sanglier ou baleine peu importe comme

le silence qui redescend subitement chut là sur la connerie humaine comme

moi là entre tes cuisses si douces si bien à toi là

 

 

Ian Monk - Lille - 29 Mars 2012
Avalanche - Raphaël Godeau
 

Avalanche avalanche avalanche avalanche jʼai le souvenir de lʼavalanche ce matin dʼune avalanche de points et ce matin pourquoi ce matin je ne sais pas mais ce matin il y a cette avalanche en moi cette minuscule avalanche que jʼai vu un jour récent sur un petit écran en me disant tiens cʼest curieux ces points (était ce vraiment des points dʼailleurs je ne sais plus la connexion sur le site a fait flop à lʼaube je nʼai plus quʼun souvenir le souvenir dʼun écran normal – cʼest devenu tellement normal un écran – avec une zone de points, une blancheur contrastée, quelque chose quʼon devine exister par delà lʼécran, une lointaine avalanche, tiens, une avalanche lointaine, la voilà lʼavalanche, la revoilà la sonorité initiale, avalanche avalanche avalanche, la minuscule avalanche vue dʼici, par delà un écran qui interloque, you strike my side by accident, comme dʼhabitude internet cʼest de minuscules accidents, tout le temps de minuscules accidents qui font clic dans la tête, alors parfois se réveiller un matin avec le souvenir dʼun accident, là une minuscule avalanche, vue dʼici - on imagine ce que ça peut emporter sur place, on imagine tout ce que ça draine quand on y fait face, il paraît que cʼest grand une avalanche, il paraît que ça gronde, et moi je suppose quʼelles se ressemblent toutes et quʼelles sont différentes, et puis je lis sur internet, par rebondissements accidentels, avalanche avalanche avalanche quʼà chaque fois cʼest les mêmes ingrédients, 1 la neige 2 la pente 3 la pesanteur 4 une rupture neige pente pesanteur rupture ah ça nous évoque ça nous évoque ça nous évoque quoi des trucs en avalanche et je repense à lʼavalanche que jʼai cru voir sur cet écran, une avalanche au loin, je ne lʼai pas sentie, elle était trop loin mais je lʼai entraperçue, et quʼen restera t il me demandais je, que restera t il dans mon crâne de cet accident là, tout cela va t il fondre en moi, lʼavalanche, enfin quoi, lʼavalanche cʼest lʼuppercut glacé, que faire après la fonte, i sleep beneath a golden hill, où est la neige ici, où est la neige, lʼan dernier à cette époque la neige était partout, mais maintenant où est la neige, sinon dans des visions lointaines, sinon sur un écran, un souvenir dʼécran, une avalanche entraperçue, avalanche avalanche avalanche avalanche avalancheavalanche avalanche avalancheavalanche avalanche avalanche
avalanche
avalanche
avalanche avalancheavalanche avalancheavalanche
avalanchaavalancheavalanche avalancheavalanche
avalanche
avalancheavalancheque viva la avalancha
avalanche avalancheavalanche
avalanche

Raphaël Godeau - Lille - 20 Mars 2012
Maintenant le oui, 6 - Ian Monk
 

maintenant le oui à partir d’un certain âge conchie allez disons
le clairement fout tous ses doigts ridés plein dans ta bonne poire
elle tombe en deux comme ça on sent les jus qui dégoulinent
sur ses poignets ridés lézardés de couteaux de cuisine de rasoirs bic
maintenant le oui dit oui à toi et ta conne oui à
toi et ta bite (saviez-vous que la mouille et le sperme
des gros dégueulasses sont indissolubles donc on risque pas d’attraper le
sida tomber enceinte et cetera mais bon les morpions gaffe quand même)
maintenant le oui à la vie c’est se dire vivre compliqué
c’est simple enfin simple comme bonjour comme la mort comme les
morpions qui te disent la vérité là simple comme le russe pour
un mafioso simple comme le clavier pour Thelonius noir sur blanc là

Ian Monk - Lille - 23 Septembre 2009
Maintenant le oui, 5 - Ian Monk
 

maintenant le oui dit oui tout simplement aux bordels dans une perspective
tout simplement de redresser le commerce oui de créer des emplois de
cadrer les mecs qui se promènent la nuit bêtement qui ne comprennent
plus qu’un plus un égale trois le nient toujours pauvres cons
maintenant le oui c’est la flotte qui coule là entre tes
doigts entre tes larmes par exemple le dentifrice par exemple de toi
de l’autre par exemple peu importe ce qui compte c’est le goût
de la brosse à dents qui râpe ta langue comme la mienne
maintenant le oui c’est les légionnaires qui ont soif là comme
les plantes au balcon et qui te prennent là comme moi là
et qui draguent cognent et frappent causent je te vois tomber
sous le charme de leurs poings et moi aussi salut le macadam

Ian Monk - Lille - 23 Septembre 2009
Maintenant le oui, 4 - Ian Monk
 [un écho ici, et ici]

maintenant le oui c'est toi qui marches pieds nus dans un
champ par exemple oui ce sera un champ ça fait estival et
romantique à la limite un champ d'herbes folles et vertes et
non identifiables peu importe on est pas là pour admirer les graminacées
maintenant le oui c'est toi dans une robe noire mais pas
petite du tout tu te fous du look Chanel d'ailleurs tant
mieux peux pas supporter cette fausse libération de la femme ou cette
remise plombée sur un piédestal de merde du statut de la femme
maintenant le oui pour toi c'est la terre là sous tes
pieds là tu la sens comme les herbes qui te chatouillent les
pieds là puis les mollets et puis les cuisses et cetera puis
le monde tourne redevient dur et lisse sous tes chaussures de ville

Ian Monk - Lille - 29 Juillet 2009
Maintenant le oui, 2 - Ian Monk
 

maintenant le oui dit non aussi bien sûr non forcément à la
vie chiante et crasse à la campagne aux seaux en fer qui
galvanisent les regards des femmes le matin à l’odeur des bêtes
qui infiltre tes cheveux aussi gras comme le carrelage avant la wassingue
maintenant le oui dit non aussi aux petits pois grisâtres de la
cantine non à la purée poilue à gros bouts noirs aux pâtes
qui collent les unes aux autres recouvertes d’une sauce tomate luisante
et grasse qui fait fondre en longs fils élastiques ton gruyère râpé
maintenant le oui dit non aussi à la puanteur du prêtre et
de l’encens qui te colle à la peau comme une gitane
sans filtre qui bouffe les cils vibratiles paralysés de tes poumons noirs
non au silence non à cette longue nuit ne me quitte pas

 

Ian Monk - Lille - 18 Avril 2009
Maintenant le oui, 7 - Ian Monk
 

maintenant le oui te pose ses sept questions les voilà les voici
la matière brute est elle aussi conne que toi mon amour jolie ?
notre langage est-il à tous à moi toi ducon là-bas
qui cause tout seul son cul de vin blanc dans la lune ?
maintenant le oui recommence oui en léchant à ton insu la cavité
de sa dent de sagesse mais est-ce une métaphore et si
oui de quoi ? puis pourquoi on peut pas regarder le ciel vers
le bas aussi bien que vers le haut puisque l’Australie existe ?
maintenant le oui se demande si la lumière ne divise pas aussi
bien qu’un instit ? et si le vide le vide de tout ensemble
pouvant s’écrire dans l’espace du temps d’un corps ? puis
finalement c’est le silence mais le silence de quoi de qui ?

Ian Monk - Lille - 1 Décembre 2009

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