et si mis à part ceux qui sont
explicitement contradictoires
cercle carré de l’existence
des référents des noms aucun
pas même la méthode
ne peut nous faire douter
l’expérience
la question du rapport des phrases à ce qui leur est extérieur et les modalités de renvoi de celles-là à ceci ne peut pas se trancher par l’usage même des phrases
révèle ce qui existe ici
et maintenant le bon sens
décide du contraire
la dénotation n’est pas l’objet d’une science mais d’une mystique
l’existence d’une chose ne peut
rencontrer la question
que de façon factuelle
mais nous maintenant
oui
CHACUN DE CES quarante-sept
mausolées peut compter la vie
ancienne ou d'un homme
crispé
écrasé droit dans le secret
ou dans le souvenir d' ailleurs
PAR LA PIERRE me faudra-t-il
en profaner les ombres
une à une&
planter les ongles jusqu'au bout
de quarante-sept fois rien
creuser creuser
DEMELER DANS LA chair de
la terre & les os retenus
la poudre pour prouver
quoi s'il était ce mâle
dont j'ai neuf mois durant porté
le fils & les os
DE CET ADOLESCENT couché
sous terre quand le prêtre dit
que les anciens demeurent
au cielmais
mon enfant
JE L'AI TENU avec des larmes
il y avingt ans
que je porte drapé dedans
la tête alourdie par le deuil
l'écriture inutile alors
QUE RESTE-T-IL au bout de ces
doigts qui aimèrent tant sinon
lacorne
à tracer le contour des morts
sur de la peau épaisse
du lieu à remuer
EUX SACRIFIERENT LEUR vie
pourleur maître
& la pauvre chose qu'il reste
à étirer jusqu'au néant
moi dont ils furent les seigneurs
abandonnée
dans la compagnie muette
des casseroles & gamelles
COMBIEN DE TEMPS ai-je tenu
à regarder les draps danser
& tenu
les larmes cachées dans
des trousla lumière
à espérer
ENTRE LES DOIGTS plissés à peine
de la terre quicoule
serais-je un sablier si vain
qu'il vient compter après
l'écoulement des tours &
remuer la saveur suspecte
des mémoires
APRÈS L'AMOUR ENFOUI
retirée la marée découvert
le monde
est ce désertpeu
à peu plié dans une peau qui fripe
le vêtement trop tôt porté
avec rien
J'AI SU CHANTER tant que j'ai pu
oublier le regard du prêtre
me serrer là
entre deux lèvres retenues
& attendre
mais la voix qui s'échappe
j'ai désiré
la retenir
ALORS LES MOTS commencent
à pleuvoirdes flèches
& trouer la surface
le torchis des maisons défait
je restai là
assise au fond d'un quoi
J'AI APPRIS PEU de choses
mais ma mémoire est bonne
je sais que le visage mort
se tapisse d'un gris
où les divinités se perdent
comme les motifs
un drapuniforme
CHACUN DE CES quarante-sept
mausoléespourtant
contient le souvenir d'un homme
je viens respirer son odeur
planter mes doigts tordus c'est tout
dessiner une fleur
IMPOSSIBLE JE VIENS
trouverla paix
de ceux qui me quittèrent hélas
je ne pleure plus
le siècle a fait de moi cet animal
il vient fouler son territoire
& dormir
mais si les noms s'effacent
les dieux disparaissent-ils aussi
et les hommes
n'y aura-t-il plus alors que ce chaos
qui serre& desserre le
poumon
des quartiers qui s'échangent
les informations
(les mots faisaient
un revêtement
se collaient sur la peau
jusqu'à la pénétrer et
creuser les craquelures d'
une plaine sans eau
désert
les fissures
refermaient
le corps bouclait
plein)
bientôt ça ne
passera
plus
dans la ville
de béton & plastique que nous avons suée & usée
qui a mangé les hommes
pour les offrir à des images
en renversant la création :
dans son enveloppe de pétrole
la terre est de nouveau pareille
à une flaque d' huile &
qui flotte
à la surface de
rien
I.
premier celui qui vint premier, condamné par le temps – d'abord quand
il n'y eut rien – d'abord
un seul à se rejoindre – s'
il n'y eut rien, l'état de longue plaine, des bosselées où s'ouvrent (de
l'ouvert –
je suis un autre nom
l'ouverture est première je
tu auras déroulé mes griffes
pour faire le
) même si je ne venais pas
avant le mouvement les yeux tordant les figurines compressées dans le
sang, un drap rose où se joindre, de tous les n?uds coupés
la lumière dans l'ouvert où
je
oui
où nous sommes nés
ouverts moi dans les bras
dont les jambes cognent les articulations partout
c'est l'intérieur du corps
les os s'élèvent dans la langue et ce qui est, la voix sous cette peau de
l'être, de l'autre côté des tribunes de poussière, tout ce que nous
fourrons dans nos poumons, de l'être, c'était le prince parlant, prince
la voix qui me parlait
comment je respirais – plein –
car j'étais sous la terre
disait-il, prince était, sous la terre et il m'avait choisi, dans l'oreille, où il
jetait les mots qui montaient, de la terre qui roulait, s'enroulaient
autour des atomes dans de l'air, et moi j'écoutais la parole qui
parlait.
ô premier tôt venu
condamné
sous la terre de l'autre côté
plein de peau
à l'intérieur où se concentrent
les ligaments partout
je suis le prince et je devrais sortir
II.
alors nous avons brûlé des villages et avons tout brûlé, nous
combattions pour d'autres dieux, un estomac sanglant par le trou
d'une épée m'avait ainsi parlé, nous fouillions dans les corps lorsque
j'ai entendu le prince par ce trou, qui encore
je suis l'être
à l'intérieur de l'être
je suis le soi cogné
dans le tout
dans le jus plein de l'être
il dit, j'ai creusé dans les trous pour entendre, j'ai brûlé des agneaux, j'ai
crié, pour entendre le maître – mais le trou s'est ouvert et la voix
disparut, le corps tomba par terre et depuis ce jour là je cherche les
trous d'hommes pour entendre la voix du maître, je fais couler du
sang pour retrouver le prince qui chantait
l'harmonie qui passait
dans mes cordes je la sentais, je cherchais ce qui se montrait dans ce cri
avec les mots pourris
dans une bouche de cent ans
l'articuler à moi, aussi si seul un prince créé le monde par le verbe les
machines par le chant, mouillé la colère et la joie, mais tenus dans
les boucles manuscrites des graffitis sans épaisseur
des illettrés, s'ils valent
ce cri donc
des langues rongées par la mort, le son
illimité s'il ne travaille pas,
s'ils n'offrent pas leur corps à la ponctuation
au silence,
s'ils le refusent au négatif
III.
derrière moi il n'y aura plus rien, tous les soldats de marbre rejoindront
le bitume – même les vôtres
(nous manquons de pavés
mais je peux
dire enfin, m’agiter dans la voix qui me tient, immobile et pareille aux
premières chansons –
de quels princes
pour quel monde –
s'il n’y a plus de monde ?) leurs chansons ont déjà trop fleuri à nos
bouches mal lavées, du sang, de la pensée peut-être
IV.
et combien
nous faudra-t-il de balles pour couper
des phrases dans le bruit du peuple