I.
premier celui qui vint premier, condamné par le temps – d'abord quand
il n'y eut rien – d'abord
un seul à se rejoindre – s'
il n'y eut rien, l'état de longue plaine, des bosselées où s'ouvrent (de
l'ouvert –
je suis un autre nom
l'ouverture est première je
tu auras déroulé mes griffes
pour faire le
) même si je ne venais pas
avant le mouvement les yeux tordant les figurines compressées dans le
sang, un drap rose où se joindre, de tous les n?uds coupés
la lumière dans l'ouvert où
je
oui
où nous sommes nés
ouverts moi dans les bras
dont les jambes cognent les articulations partout
c'est l'intérieur du corps
les os s'élèvent dans la langue et ce qui est, la voix sous cette peau de
l'être, de l'autre côté des tribunes de poussière, tout ce que nous
fourrons dans nos poumons, de l'être, c'était le prince parlant, prince
la voix qui me parlait
comment je respirais – plein –
car j'étais sous la terre
disait-il, prince était, sous la terre et il m'avait choisi, dans l'oreille, où il
jetait les mots qui montaient, de la terre qui roulait, s'enroulaient
autour des atomes dans de l'air, et moi j'écoutais la parole qui
parlait.
ô premier tôt venu
condamné
sous la terre de l'autre côté
plein de peau
à l'intérieur où se concentrent
les ligaments partout
je suis le prince et je devrais sortir
II.
alors nous avons brûlé des villages et avons tout brûlé, nous
combattions pour d'autres dieux, un estomac sanglant par le trou
d'une épée m'avait ainsi parlé, nous fouillions dans les corps lorsque
j'ai entendu le prince par ce trou, qui encore
je suis l'être
à l'intérieur de l'être
je suis le soi cogné
dans le tout
dans le jus plein de l'être
il dit, j'ai creusé dans les trous pour entendre, j'ai brûlé des agneaux, j'ai
crié, pour entendre le maître – mais le trou s'est ouvert et la voix
disparut, le corps tomba par terre et depuis ce jour là je cherche les
trous d'hommes pour entendre la voix du maître, je fais couler du
sang pour retrouver le prince qui chantait
l'harmonie qui passait
dans mes cordes je la sentais, je cherchais ce qui se montrait dans ce cri
avec les mots pourris
dans une bouche de cent ans
l'articuler à moi, aussi si seul un prince créé le monde par le verbe les
machines par le chant, mouillé la colère et la joie, mais tenus dans
les boucles manuscrites des graffitis sans épaisseur
des illettrés, s'ils valent
ce cri donc
des langues rongées par la mort, le son
illimité s'il ne travaille pas,
s'ils n'offrent pas leur corps à la ponctuation
au silence,
s'ils le refusent au négatif
III.
derrière moi il n'y aura plus rien, tous les soldats de marbre rejoindront
le bitume – même les vôtres
(nous manquons de pavés
mais je peux
dire enfin, m’agiter dans la voix qui me tient, immobile et pareille aux
premières chansons –
de quels princes
pour quel monde –
s'il n’y a plus de monde ?) leurs chansons ont déjà trop fleuri à nos
bouches mal lavées, du sang, de la pensée peut-être
IV.
et combien
nous faudra-t-il de balles pour couper
des phrases dans le bruit du peuple