Soirée Ce qui secret à Nantes le 24 mai 2012, au Pannonica, à l'invitation de la Maison de la poésie de Nantes et du Pannonica. Avec Heddy Boubaker, Bruno Fern, Geneviève Foccroulle, Pauline Gélédan, Marta Jonville, Marc Perrin, Gwenaëlle Rébillard, Jean-Marc Savic. Documents.
Avec prénoms, mots, images, textes, phrases, brouillons, citations, et premières pages de L'éternel retour de Michel Surya publié aux éditions Lignes.
Heddy : brouillage
Pauline : revenant
Marc : production
Geneviève : l’écoute
Marta : se réveille
Jean-Marc : caverne
Gwenaëlle : pensée
Bruno : auteur
serait celui à qui les mots sont adressés |
dehors il fait beau vent léger parfois plus fort il décoiffe
les slogans à la bombe des manifestants ont été effacés
la ville à nouveau propre le mémorial officiel atteste d’une conscience valable
les informations médiatiques dans les conforts bien gardés
il poste une lettre il achète trois slips deux marcels et des huiles essentielles
ce ne sont pas des taches de sang c’est de la peinture rouge
ce ne sont pas les flammes après un bombardement est-ce que c’est un jeu
ce ne sont pas des playmobils en plastique ce sont des crs armés
au Sénégal Macky Sall va succéder à Abdoulaye Wade
attendez attendez la nuit pour dire que le jour a été beau
Michel Surya, L'éternel retour, premières pages, Lignes.
Fut-il proche - Marie de Quatrebarbes
un plat de spaghetti composé de plusieurs Iliades et de plusieurs Odyssées, entremêlées en tout sens, dans lequel chaque « épisode » pouvait recevoir une interprétation d’ordre géologique. |
Soirée Ce qui secret à Nantes le 24 mai 2012, au Pannonica, à l'invitation de la Maison de la poésie de Nantes et du Pannonica. Avec Heddy Boubaker, Bruno Fern, Geneviève Foccroulle, Pauline Gélédan, Marta Jonville, Marc Perrin, Gwenaëlle Rébillard, Jean-Marc Savic. Documents.
Avec un croquis, un entretien de Véronique Anger avec Jean-Jacques Kupiec publié par Agora Vox, des images, des phrases...
Ci-dessous, un entretien de Véronique Anger avec Jean-Jacques Kupiec, à l'occasion de la parution de « L’origine des individus» de ce dernier. Entretien publié le vendredi 19 décembre 2008 sur Agora Vox. Véronique Anger : En ouverture de votre livre, vous rendez hommage à M. Jean Tavlitzki, votre ancien professeur de génétique. Est-ce lui qui vous a inspiré « L’origine des individus» ? Jean-Jacques Kupiec : D’une certaine manière, oui. Lorsque j’étais étudiant, j’ai eu la chance de rencontrer un professeur qui m’a inspiré au sens le plus profond du mot et qui m’a aidé à me construire intellectuellement. Cette histoire est assez paradoxale car elle s’est déroulée dans la période de l’après Mai 68 alors que nous contestions violemment le pouvoir, notamment le pouvoir professoral. Sans m’en rendre compte, je me suis retrouvé pris dans une relation maître-élève très forte qui m’a beaucoup influencé. J’avais envie de le raconter et j’ai saisi l’occasion de le faire dans la préface de « L’origine des individus ». Je voulais rendre hommage à mon professeur, mais cette histoire pourrait aussi avoir un sens dans la période actuelle. On parle beaucoup de réforme de l’université, mais rarement de la relation professeur étudiant. Il me semble que cette relation est centrale dans le fonctionnement de l’université et que toute réforme devrait le prendre en compte. VA : Si j’ai bien suivi votre démonstration, en plus d’être injuste, le déterminisme génétique serait « faux » scientifiquement ? JJK : En effet, le déterminisme génétique est infirmé par les données expérimentales de la biologie moléculaire, ce qui nécessite un remaniement théorique. Selon la théorie classique, les gènes permettent la fabrication de protéines hautement spécifiques. Cela signifie qu’elles « s’emboîtent » comme les pièces d’un puzzle pour construire l’organisme sans qu’il y ait le moindre hasard dans ce processus. Comme vous le savez de très nombreuses protéines ont été isolées depuis cinquante ans. Mais, lorsqu’on analyse leurs propriétés, on se rend compte que ces protéines ne sont pas spécifiques. Au contraire, elles sont capables d’interagir (de « s’emboîter ») avec de très nombreuses molécules partenaires. Pour reprendre l’analogie du puzzle, c’est comme si une pièce, au lieu d’avoir un partenaire unique avec laquelle elle s’emboîte, était capable de s’emboîter avec de très nombreuses autres pièces. Dans ce cas, il ne serait plus possible de reconstituer la figure de ce puzzle. Il en est de même avec les protéines d’une cellule. Du fait de leur non spécificité on ne comprend pas comment elles peuvent s’organiser pour créer une structure viable. Cela pose un problème énorme qu’il faut résoudre. VA : Vous remettez également en question les principes d’auto-organisation. Affirmer que les éléments d’un système ne relèverait pas d’un processus spontané va à l’encontre des idées généralement admises… JJK : Effectivement, du fait des limitations de la biologie moléculaire classique, les théories de l’auto-organisation ont été proposées par de nombreux chercheurs comme une alternative. Dans mon livre, j’ai donc procédé à une analyse pour savoir si elles permettent de résoudre la difficulté posée par la non-spécificité des protéines. Ma réponse est négative. Ces théories reposent, soit sur des protéines spécifiques, soit impliquent des contraintes qui ne sont pas explicitement assumées. Il s’agit d’un point important. L’idée d’auto-organisation et l’idée d’émergence, qui est sa cousine germaine, suggèrent que les éléments d’un système s’organisent spontanément. Or, lorsqu’on analyse les exemples donnés par des auteurs comme Prigogine ou Kaufmann, on s’aperçoit qu’il y a toujours une contrainte externe globale qui s’applique sur ces systèmes et assure leur organisation. En d’autres termes, leur organisation n’est pas un processus spontané interne, il est causé par l’environnement. VA : Quelle alternative proposez-vous ? JJK : La solution que je propose consiste en une sorte de darwinisme généralisé, une extension de la sélection naturelle à l’intérieur des organismes. D’une part, la non spécificité des protéines a pour résultat d’introduire du hasard dans leurs interactions. Ce hasard est utile aux cellules car il permet de créer des structures nouvelles et de s’adapter au micro environnement, au milieu intérieur des organismes. D’autre part, ce hasard est aussi contrôlé par la contrainte sélective de l’environnement, qui trie et sélectionne « les bonnes interactions », celles qui sont utiles à l’organisme. En quelque sorte, la sélection naturelle de Darwin est projetée dans le milieu intérieur de Claude Bernard. Il s’agit là d’un résumé quelque peu brutal et caricatural de ma théorie, mais il en représente le principe général qu’il faut décliner dans toutes les situations expérimentales réelles. VA : Pourquoi, dans votre livre, avez-vous jugé nécessaire de revenir sur la « théorie du milieu intérieur » de Claude Bernard ? JJK : Effectivement, j’ai aussi consacré des développements pour expliquer en quoi consiste la théorie du milieu intérieur de Claude Bernard. On la réduit souvent à l’idée d’homéostasie, mais là encore c’est une caricature qui en dénature le sens premier. Pour Claude Bernard, le milieu intérieur est l’ensemble des conditions internes qui agissent sur les parties d’un être vivant et qui provoquent en retour leurs réactions. Cela conduit à une vision décentralisée, « anti finaliste » du vivant, qui est en contradiction avec la théorie du programme génétique. Ici je ne peux que renvoyer à la lecture de mon livre (ou de Claude Bernard lui-même) dans lequel j’ai consacré des passages assez longs à ce problème qui nécessite une analyse détaillée. VA : Sur quelles expériences vous fondez-vous pour affirmer que l’expression des gènes est un phénomène aléatoire ? JJK : A l’heure actuelle il existe une base expérimentale solide à l’appui de cette théorie. L’expression aléatoire des gènes est maintenant un phénomène démontré. Cela s’oppose à la théorie du programme génétique qui est déterministe par définition. Par contre, c’est la base même de ma théorie darwinienne. Dans mon livre je décris longuement toutes les données expérimentales qui la soutiennent. Evidemment, comme toute théorie, elle doit générer un nouveau programme de recherche expérimental pour aller plus loin. C’est exactement ce que nous faisons avec des collègues de plusieurs laboratoires qui collaborent étroitement dans ce sens. Dans quelques temps, nous pourrons en reparler mais je suis très optimiste. Il y a seulement dix ans, l’idée que l’expression des gènes puisse être un phénomène aléatoire était considérée comme trop originale par la majorité des biologistes (c’est un euphémisme !). Plutôt que de continuer à toujours répéter les mêmes schémas déterministes, il serait peut-être temps de se demander qu’elles en sont les conséquences sur le fonctionnement de la cellule… |
assez courante quand la société a connu des changements économiques importants autonomie créatrice de formes nouvelles de relations humaines ne résulte pas d'un trouble statistique |
Soirée Ce qui secret à Nantes le 24 mai 2012, au Pannonica, à l'invitation de la Maison de la poésie de Nantes et du Pannonica. Avec Heddy Boubaker, Bruno Fern, Geneviève Foccroulle, Pauline Gélédan, Marta Jonville, Marc Perrin, Gwenaëlle Rébillard, Jean-Marc Savic. Documents.
Avec queques notes manuscrites, un texte de Marie de Quatrebarbes, et un scann d'une carte postale de Roberto Martinez édité par zédélé éditions.
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Jusque là, elles ont su prouver le contraire Réduction-dissolution, lorsque formation et triage s’éprennent, constituant au fil de la cuillère de longs filaments de cela qui se perd, et dont il convient ici de taire le nom. Le premier pose un regard scrupuleux aux bordures, y attrape de plurielles ressemblances, des rivages ou rivaux qui signalent un point d’entrée, une façon de main-prendre quelque chose, substantiellement, digressif et surgi de nulle part. Je ne saurais le dire s’il fallait l’inventer, ou serait-ce donner un indice palpable. Serait celui où commence et finit le triage, interrompt les secondes agrégées selon toute évidence au hasard d’un pluriel féminin. Nous serions devant lui les différents assemblages - pluriels et féminins au regard de cela qui se présente à la tierce personne. Serait celui qui présume d’un nouveau lieu, invitation à entrer en feu de pagaille ou tison s’embrasant. Et pourtant. A forcer réduction-collision, le regard accoutumé adresse une ligne masculine dont nous sommes les seules destinataires. Et depuis ce jour-là, au prétexte qu’il faille avancer sans jamais baisser la garde, du pluriel au second féminin celui qui draine et convie, s’accoutume au poignard qui coupe dans la chair de vaines espérances. Comme le "e" ajouté en fin des mots dirige son faisceau vers un point de pleine envergure, subsidiairement là où il convient de poser la main, et dont se forge presque aussitôt un non-advenu. Vers ce "elles" auquel nous nous appartenons et que nous parcourons en tous sens, dans la plaine plurivoque et selon toute vraisemblance, à mesure qu’elle avance, entonne ou entame son chant. Au garçon qui se prête au jeu des contrastes, accepte des surfaces qu’elles se gorgent de boue et s’écartent inlassablement du point d’origine. Les journées se recueillent au fil du couteau, offrent un point de vue à l’ensemble, à l’unisson d’un cœur dont on dit qu’elles sont sœurs tout autant. Jeunes filles qui battez la campagne, comprenez-moi bien. Vous n’êtes plus l’ombre de vos fleurs, prononcez des mots qui vous chahutent, un rien de mémoire qui vous porte plus haut que sillage, de l’autre côté du sentiment. Virginale comme vous êtes, le temps vous gratte le dos, impose à votre échine une courbe nouvelle. Assaillies par l’urgence, comme elle glisse sur vos joues ensalées, un lieu saint au dessein insoluble : débordements et revers s’y confondent. C’est la loi primordiale mappemonde, dont les bords incurvés nous rappellent au rétrécissement, s’animent comme la joue sous le sang, à l’heure intacte de la réconciliation.
Jusque là, elles ont su prouver le contraire - Marie de Quatrebarbes - [en écho à...] |
- Roberto Martinez - "Principe de réalité n°23 : ... cet après-midi, piscine." - rien n°47 - octobre 2005 - zédélé éditions - brest - www.zedele.net - issn 1299-8168 - gratuit - carte postale - scann - |
22 avril 2012, 23 avril
2012, 24 avril 2012, 25
avril 2012, 26 avril 2012,
27 avril 2012, 28 avril
2012, 29 avril 2012, 30
avril 2012,
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En boucles
(caverne) d’où nous serions sortis d’affaire donnant un sensplus pur à la tribu ethniquement sous contrôle tu parles en astiquant les parois du vocable en l’exhibant son sans fond à la vue son trou
(production) en trompe l’œil et le bon qu’à ça lecorps tenu comme un vers qu’un rien fasse de l’effet ici pour de vrai qui vivra l’ouv rira le dernier saura si c’est conçu
(revenant) de loin donc de tout à traverser le fleuveoù les baignades ne se ressemblent pas comme deux gouttes le poème doit se lire se retour ner sur lui-même que le phrasé l’emporte
(brouillage) à couper au couteau la langue la lécherchaque syllabe un mot peut en cacher un autre à force de décoder chercher les embrouilles ça finit par jouer des flûtes ou du sifflet
(pensée) pour les vastes oiseaux * farcis au plastique tocsur Midway les paupières fermées contre la pub l’olivier tordu face au Mur le solo que lance Charlie Haden de sa cage en plexi
(l’écoute) dans le texte sous toutes les coutures à reluquer le souffle entre en ligne dans l’expérience à tendre l’oreille & quoi de pas nommable hors fréquence pourtant disponible en français
(se réveille) en plein milieu du mot ** eh ça va pas la têtelaisse dormir la majorité si lencieuse qu’il ne faut secouer ni de larmes *** ni de quoi que ce soit qui malgré tout arrive
(auteur) à mesure clipsé dans le moteur rugissant quand il se prend dans la syntaxe les mu queuses à qui le pronom renvoie dans les cordes creux sonnant à force de courir le furet
1er mai 2012,
2 mai
2012,
3 mai 2012, 4 mai
2012, 5 mai
2012,
* Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, (Baudelaire)
** Ce qui distingue la poésie de la parole machinale, c'est que la poésie justement nous réveille, nous secoue en plein milieu du mot. (Ossip Mandelstam)
*** Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. (Henri Calet)
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[Soirée Ce qui secret à Nantes le 24 mai 2012, au Pannonica, à l'invitation de la Maison de la poésie de Nantes et du Pannonica. Avec Heddy Boubaker, Bruno Fern, Geneviève Foccroulle, Pauline Gélédan, Marta Jonville, Marc Perrin, Gwenaëlle Rébillard, Jean-Marc Savic. Documents.]
Dix parus
(Louise Michel, La Misère, 1882)
on signale la disparition de l’auteur. Elle ne date pas d’hier mais au moins de 1897 – élocutoire, comme on disait à l’époque. Aboli blackboulé disqualifié ou mort.
(Va savoir.)
2 - Une partie de ses lecteurs s’inquiète, voulant à tout prix séparer le grain de lui vrai (ou supposé tel), recherchant sans cesse des anecdotes, des indices : si quand il était jeune il avait déjà tendance à se tenir en retrait dans les mots, dans un carnet de quel format de quelle couleur acheté où et à quel prix sous quelle latitude, etc. En fait, le scénario est impurement fictif, comme si l’initiative était laissée aux mots.
(Une autre partie s’en fout éperdument.)
3 – Pourtant, il était là il y a quelques phrases puis d’un coup pfuit, il fait sa référence et puis s’en va. On se réveille et plus personne à l’horizon à percer seul le mystère reste entier – et encore faudrait voir. La plupart des témoignages sont concordants, c’est-à-dire qu’ils se recoupent dans les faits les lignes grandes ou pas.
(Dans ces cas-là, mieux vaut lire entre.)
4 - A-t-il été victime d’un rôdeur textuel ou s’en est-il allé errant par erreur perdu dans le brouillage ou bien ne voulant plus figurer comme sujet d’énonciation / d’identification / d’étude pour section littéraire ? En somme, s’est-il ôté lui-même sabotant son phrasé s’opérant de la poésie avec ou sans anesthésie ayant sauté en dehors du fameux rang ?
(L’hypothèse d’une fugue n’est donc pas à écarter à l’heure où nous parlons.)
5 - A-t-il disparu sur le front et à la barbe de qui est parfaitement reconnaissable sur la photo de 1916 à sa tête
(Le voici devant vous un homme plein d’absence.)
6 - De quelle hauteur il est tombé c’est aussi à déterminer. La reconstitution (de texte) est en cours, les analyses finiront bien un jour par le coincer entre deux paragraphes.
(Du moins si l’on en croit les experts.)
7 – À beau lire finit par
(à suivre)
8 – D’ailleurs, aucune piste n’est exclue par les enquêteurs. battement de paupières à travers les nombreux substituts pronominaux à la place et en lieu (du crime où revenant) qui n’aura eu lieu que lui-même.
(Se passe de commentaires.)
9 – Impersonnel qu’il est qu’il soutient se neutralise mordicus, ayant cependant laissé des traces ici ou là car l’ayant dans le blanc le baba, ne pouvant en sortir malgré tous ses efforts pour disparaître de l’être l’étant jusqu’aux oreilles 24 h / 24, son odeur imprégnée dans la moindre syllabe.
(Pas besoin de tests ADN pour se rendre compte de ça.)
10 - Si vous le retrouvez, veuillez le ramener : - à la caisse centrale - à la table des négociations - au point de vente le plus proche de votre domicile - à la thématique choisie cette année par les organisateurs - bref, à la raison et si possible dans l’état, c’est-à-dire dans le texte où vous l’avez pris.
(Merci.)
-------------- *Mallarmé |
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mai 2012,
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[Soirée Ce qui secret à Nantes le 24 mai 2012, au Pannonica, à l'invitation de la Maison de la poésie de Nantes et du Pannonica. Avec Heddy Boubaker, Bruno Fern, Geneviève Foccroulle, Pauline Gélédan, Marta Jonville, Marc Perrin, Gwenaëlle Rébillard, Jean-Marc Savic. Documents.]
(caverne)
d’où nous serions sortis d’affaire donnant un sens
plus pur à la tribu ethniquement sous contrôle
tu parles en astiquant les parois du vocable
en l’exhibant son sans fond à la vue son trou
(production)
en trompe l’œil et le bon qu’à ça le
corps tenu comme un vers qu’un rien fasse de l’effet
ici pour de vrai qui vivra l’ouv
rira le dernier saura si c’est conçu
(revenant)
de loin donc de tout à traverser le fleuve
où les baignades ne se ressemblent pas
comme deux gouttes le poème doit se lire se retour
ner sur lui-même que le phrasé l’emporte
(brouillage)
à couper au couteau la langue la lécher
chaque syllabe un mot peut en cacher un autre
à force de décoder chercher les embrouilles
ça finit par jouer des flûtes ou du sifflet
(pensée)
pour les vastes oiseaux * farcis au plastique toc
sur Midway les paupières fermées contre la pub
l’olivier tordu face au Mur le solo
que lance Charlie Haden de sa cage en plexi
(l’écoute)
dans le texte sous toutes les coutures à relu
quer le souffle entre en ligne dans l’expérience
à tendre l’oreille & quoi de pas nommable
hors fréquence pourtant disponible en français
(se réveille)
en plein milieu du mot ** eh ça va pas la tête
laisse dormir la majorité si
lencieuse qu’il ne faut secouer ni de larmes ***
ni de quoi que ce soit qui malgré tout arrive
(auteur)
à mesure clipsé dans le moteur rugis
sant quand il se prend dans la syntaxe les mu
queuses à qui le pronom renvoie dans les cordes
creux sonnant à force de courir le furet
* Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, (Baudelaire)
** Ce qui distingue la poésie de la parole machinale, c'est que la poésie justement nous réveille, nous secoue en plein milieu du mot. (Ossip Mandelstam)
*** Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. (Henri Calet)
[En boucles a été écrit à l'occasion de la soirée Ce qui secret du 24 mai 2012 - Nantes - Maison de la Poésie, Pannonnica]
Elle aimait à lui entendre chanter les bardits qui passaient comme la caverne de génération en génération dans cette famille, et auxquels s'ajoutaient parfois des strophes nouvelles, quand un barde nouveau y naissait à travers les âges.
(Louise Michel, La Misère, 1882)
1 – Mesdames, Messieurs, votre attention, s’il vous plaît :
on signale la disparition de l’auteur.
Elle ne date pas d’hier mais au moins de 1897
– élocutoire, comme on disait à l’époque.
Aboli blackboulé disqualifié ou mort.
(Va savoir.)
2 - Une partie de ses lecteurs s’inquiète,
voulant à tout prix séparer le grain de lui vrai
(ou supposé tel),
recherchant sans cesse des anecdotes, des indices :
si quand il était jeune il avait déjà tendance à se tenir en retrait dans les mots, dans un carnet de quel format de quelle couleur acheté où et à quel prix sous quelle latitude, etc.
En fait, le scénario est impurement fictif, comme si l’initiative était laissée aux mots.
(Une autre partie s’en fout éperdument.)
3 – Pourtant, il était là il y a quelques phrases puis d’un coup pfuit, il fait sa référence et puis s’en va.
On se réveille et plus personne à l’horizon à percer seul le mystère reste
entier – et encore faudrait voir.
La plupart des témoignages sont concordants, c’est-à-dire qu’ils se recoupent dans les faits les lignes grandes ou pas.
(Dans ces cas-là, mieux vaut lire entre.)
4 - A-t-il été victime d’un rôdeur textuel
ou s’en est-il allé errant par erreur perdu dans le brouillage
ou bien ne voulant plus figurer comme sujet d’énonciation / d’identification / d’étude pour section littéraire ?
En somme, s’est-il ôté lui-même sabotant son phrasé s’opérant de la poésie avec ou sans anesthésie ayant sauté en dehors du fameux rang ?
(L’hypothèse d’une fugue n’est donc pas à écarter à l’heure où nous parlons.)
5 - A-t-il disparu sur le front et à la barbe de qui est parfaitement reconnaissable sur la photo de 1916 à sa tête
bandée son
œil tou
jours vif ?
(Le voici devant vous un homme plein d’absence.)
6 - De quelle hauteur il est tombé c’est aussi à déterminer.
La reconstitution (de texte) est en cours,
les analyses finiront bien un jour par le coincer entre deux paragraphes.
(Du moins si l’on en croit les experts.)
7 – À beau lire finit par
s’absenter sans motif
apparent abrégé
par filer dans le vide
loin de tout absolu
en lettres et le nez en
trompette ni tambour c’est
qui qui bafouillant
la bouche bée sa syntaxe
incognito qu’il dit
à s’en crever le nom
bril les yeux sur sa bio
psie à en perdre jusqu’aux
plumes aux os à plus soi
faut dire qu’il y a de ça
rime à rien de frimer
abstenu à distance
passé à la découpe
on dirait qu’c’est fait pour
compter ses abattis
1, 2, 3, 4, 5, 6,
pour cueillir des cerises
plus becquetées que dés
à coudre ou à lancer
toute pensée en émet
dans l’espace c’est connu
en rajoute mot à mot
au passage tout en ju
tant qu’il peut énoncer
signifie produire* la
production décline toute
responsabilité
mais qui finalement l’é
coute la peau et le reste
c’est à voir
(à suivre)
8 – D’ailleurs, aucune piste n’est exclue par les enquêteurs.
En fait, il s’agit peut-être d’une simple oscillation de l’un à l’autre, d’un entre-deux, d’un
battement de paupières à travers les nombreux substituts pronominaux à la place et en lieu (du crime où revenant) qui n’aura eu lieu que lui-même.
(Se passe de commentaires.)
9 – Impersonnel qu’il est qu’il soutient se neutralise mordicus,
ayant cependant laissé des traces ici ou là car l’ayant dans le blanc le baba,
ne pouvant en sortir malgré tous ses efforts pour disparaître de l’être l’étant jusqu’aux oreilles 24 h / 24,
son odeur imprégnée dans la moindre syllabe.
(Pas besoin de tests ADN pour se rendre compte de ça.)
10 - Si vous le retrouvez, veuillez le ramener :
- à la caisse centrale
- à la table des négociations
- au point de vente le plus proche de votre domicile
- à la thématique choisie cette année par les organisateurs
- bref, à la raison et si possible dans l’état, c’est-à-dire dans le texte où vous l’avez pris.
(Merci.)
*Mallarmé
[Dix parus a été écrit à l'occasion de la soirée Ce qui secret du 24 mai 2012 - Nantes - Maison de la Poésie, Pannonnica]
Réduction-dissolution, lorsque formation et triage s’éprennent, constituent au fil de la cuillère de longs filaments.
De cela qui se perd, et dont il convient ici de taire le nom. Le premier pose un regard scrupuleux aux bordures, y attrape de plurielles ressemblances, des rivages ou rivaux signalent un point d’entrée, une façon de main-prendre quelque chose, substantiellement digressif et surgi de nulle part. Je ne saurais le dire s’il fallait l’inventer, ou serait-ce donner un indice palpable. Serait celui où commence et finit le triage, interrompt les secondes agrégées selon toute évidence au hasard d’un pluriel féminin.
Nous serions devant lui les différents assemblages - pluriels et féminins - qui se présentent à la tierce personne.
Seraient celui qui présume d’un nouveau lieu, invitation à entrer en feu de pagaille ou tison s’embrasant. Et pourtant. A forcer réduction-collision, le regard accoutumé adresse une ligne tendue dont nous sommes les seules destinataires. Et depuis ce jour-là, au prétexte qu’il faille avancer sans baisser la garde, du pluriel au second féminin, celui qui draine et convie, s’accoutume au poignard qui coupe dans la chair de vaines espérances. Comme le "e" ajouté en fin de mots dirige son faisceau vers un point de pleine envergure, subsidiairement là où il convient de poser la main, se forge presque aussitôt un non-advenu.
Vers ce elles auquel nous appartenons et que nous parcourons en tous sens, dans la plaine plurivoque et selon toute vraisemblance, à mesure qu’elles avancent, entonnent ou entament leur chant.
Au garçon qui se prête au jeu des contrastes, accepte des surfaces qu’elles se gorgent de boue claire et s’écartent inlassablement. Les journées se recueillent au fil du couteau, offrent un point de vue à l’ensemble. A l’unisson d’un cœur dont on dit qu’elles sont sœurs tout autant, jeunes filles qui battez la campagne, comprenez-moi bien. Vous n’êtes plus l’ombre de vos fleurs, prononcez des mots qui chahutent, un rien de mémoire qui vous porte plus haut que sillage. Virginale comme vous êtes, le temps vous gratte le dos, impose à votre échine une courbe nouvelle. Assaillies par l’urgence, comme elle glisse sur vos joues ensalées, un lieu saint aux desseins insolubles : débordements et revers s’y confondent.
C’est la loi primordiale mappemonde, dont les bords incurvés nous rappellent au rétrécissement, s’animent comme la joue sous le sang, à l’heure intacte de la réconciliation.