Un dessin au crayon blanc sur une plaque de verre transparent. L’ombre du dessin se projette derrière, en négatif. Une seconde plaque de verre sur la première protège le dessin. Les deux plaques de verre sont assemblées par une bordure de plomb.
Et toujours tu fais ça,
et toujours tu ramasses les cailloux,
et toujours je ramasse les paysages,
tu ramasses les résidus,
et toujours tu fais ça,
et toujours je fais ça,
c’est sur ton chemin, c’est là,
c’est sur mon chemin, c’est là
où je me trouve, où tu te trouves,
sur ton chemin,
et toujours tu fais ça,
tu marches, tu marches, et tu le vois,
et j’avance, j’avance et je le vois
et tu le prends, ta main se dirigeant vers l’objet que tu vois,
et je le prends, je prends le paysage que je vois et ta main le ramasse comme un objet trouvé retrouvé,
et je le garde comme un paysage trouvé, retrouvé,
et toujours les phrases te viennent comme ça, les mots que tu entends,
et moi
là où tu te trouves,
les mots que tu entends,
les paysages qui me regardent,
et ta main qui se tend, et mon regard qui se tend
le mouvement du corps vers,
le geste tu le trouves dans le mouvement du corps,
et à ce moment là, le monde tu l’entends,
et moi qu’est-ce que j’entends
tu entends le son des cloches,
tu entends,
et moi qu’est-ce que j’entends
tu entends le son des cloches,
qui indique que,
tu entends l’oiseau qui,
tu entends le moteur,
qui indiquent que le temps passe
et moi qu’est-ce que j’entends
tu entends le vent et la pensée, là, dans le paysage
et toi tu l’inventes, le geste, tu l’inventes le mouvement que chaque jour tu vas déposer
à l’endroit du paysage, chaque jour le geste à l’endroit du paysage
pour dire le présent
et moi est-ce que je l’entends le présent
pas mieux
pas mieux que le vent
je suis derrière la glace