Variations annulaires - Robin Decourcy
 


L’ANNULAIRE SUR LE NEZ LE VOISIN AU-DESSUS DE LA TABLE ÉCARQUILLÉ OUVERT ET GERMINANT FOUETS DE LA CUISINE INTIME FISTANT LA BOUCHE QUI AVALE ET FERME LE REGARD SUR L’ODEUR AIGRE D’UN SPERME CHALEUREUX EN PRIÈRE UN CUL REMONTE TRÈS DOUX SUR LE LIT SAGE ET DANS LA FORÊT DES MODÈLES VIVANTS ASPERGEANT LA PEAU D’UN LIQUIDE SOYEUX DE CRIS ENFIN DÉLIÉS DU TRAVAIL OBSCUR DE L’INSTINCT JUTANT DE LA BÊTE DANS LE FOND DE LA CRÉATION DU CORPS VRAIMENT L’ORGUE DU VENT QUI SOUFFLE L’ODEUR DES VIES OTÉES DE VICE FÊTANT LA MER L’EAU ET LES BULLES LA MOUSSE LA JOIE D’EN ÊTRE DÉLIVRÉ CONSERVANT L’AMOUR ET EXPLORANT LE MEMBRE PLEIN LA BOULE DE SANG LE PRÉPUCE LE SOURIRE LE CLITORIS EXPULSÉ DU TISSU DANS LE DÉSIR DU CERVEAU ET DANS LES PARFUMS DE LA TERRE NATURELLE NATURELLEMENT LIBRE BAVE LÉGÈRE SALIVE EN FIL REÇUE DANS LA BOUCHE DE L’AIMÉE AIMANT FORT LA PÉNÉTRATION AU BOUT DU CON GAVÉ DE JOIE D’ODES LIBÉRÉES LA LESBIANNITÉ ET L’HOMOSEXUEL PERFORMANCE DE SE FAIRE TOUCHER PAR L’ONGLE ANUS TENDREMENT RELEVÉ LÈVRES DÉPOSÉES SUR L’ŒIL TESTICULE AVALÉE AVEC AMOUR ATTENTION DANS LA PLAINE AÉRIENNE DE L’ENVIE PURE DÉLIRANTE OUBLIEUSE DES MAUX ET GLISSANTE SUR LA FESSE FORMÉE EN SON CENTRE DANS LE FRUIT VIVANT DU JUS DE FRAISE ET DE DENTS BRILLANTES ET DE RIRES ENFIN

 

«  sors la fumée de tout ton plein tremblant l’aspect de tes mains la forme de tes doigts la danse la caresse sur le pays des seins soutiens le ne me perds pas et ne te retiens toi pas de remplir qui regarde et referme les doigts sur les organes bouillants et chauds des joues de tes aisselles exalhées abondantes tendres rouges pisse dessous aime viens au fond tu libères en spasmes et hoquettements l’existence des sanglots du petit garçon retrouvé dans les branches hissé d’une soupe de mer et dans  les galets de ton ventre secoué en sérail »

 

MOLLE ET REPOSÉE APPUYÉE PAR SA MAIN AURIFÈRE JOYAU MIGNON SUINTE BLANC ET ROUGE PARFOIS DE TEMPS EN TEMPS EN SECRET LE TAMPON BRILLE ENTRE ÉCARTE ET COMME DANS UNE VALLÉE EN RETENANT L’IDÉE DE LA BEAUTÉ LENTE QUI NE PÈSE RIEN AINSI LE POIL HABITANT À DEMEURE COIFFÉE PAR LA NATURE ASCENDANTE D’UN PALAIS BOULEVERSÉ MAINTENU SERRÉ COURBE HUMIDE ET ENGORGÉ DEVANT L’ENTRÉE RIVALE DES ANGOISSES OUBLIÉES LA PORTE HAUTE DU TROU QU’EXCITENT LES AMOURS NOIRS ET FÊLÉS DANS LE COUSSIN VEULE QUE DE PROFIL UN EXPERT DILATE COMME LES JARDINIERS ERRANTS SUR UNE ÎLE DÉSERTE COMME LES FÉES DÉTENDUES RAMEUTÉES EN ORGIES SOUPLES ET COMPLICES PROMPTS À L’ENCULE LE SACRUM TROUBLÉ MAIS REMPLI DE VISIONS DE DILATATIONS DE CHOSES À PÉTRIR À L’ŒIL NU UNE COUILLE UNE CORNÉE UN ESCARGOT UNE GOUTTE UN LOUP UN LOIR POUR FAIRE REMONTER LA SÈVE EN BALBUTIANT LE MESSAGE PERSONNEL DU RECTUM HÉSITANT TRÈS TRÈS FÉCOND MAIS TOUT VA RENTRER DEDANS ET PUIS GICLANT UNE DERNIÈRE CHARGE DE SOUVENIRS EN PYRÉE S’AGITANT DE PLUS EN PLUS LARGE MAINTENANT DANS LA CAVERNE D’UNE OMBRE REPUE OU DANS LES BRAS D’UN CORPS TRANCHÉ EXACTEMENT COMME LA POLLUTION DU DÉSIR MORBIDE RAFRAICHI MÉDITATIONS ET SCULPTURES DE MORTS DENTELÉES CASCADES DE GLANDES VISAGE EN RÉDUIT D’ODEUR DU DERRIÈRE DÉPLACÉ PAR LES FILS D’UN PLAISIR SANS LONGUEUR

 

« le printemps a jailli autour de ta tête ah tu pouvais dans la foule de corps étrangers fêter la fouille de ton cœur palpitant dans l’autre sous son jeans étaient deux bites en paquets retenus si tu avais dans l’optique de te toucher pour que ça se déforme une perle une bouche avait changé et rougi l’objet drôle s’élevait à côté de toi sur une marche comme un ami dont la détente s’est rechargée de gens qui marchent et ne s’aiment pas tant pis si toi tu as une tige dans chaque main et que ta jambe est pleine d’eau qui sait une chatte au juste d’où ça coule »

 

MUSCLE D’UN RÊVE QUI COURT PLUS LE CIEL EST LOIN COMME LE SANG QUI SOURIT ET QUI S’ÉLANCE APRÈS LUI SE JETTE DANS LES NUAGES EN MÉDUSES D’ALGUES BRANLÉES AUTO-NETTOYÉES IMMINENCE DU ROSSIGNOL QUI SE FAIT OFFENSE ET MURIT TOUJOURS À CHEVAL SUR DES HANCHES DANS L’ONDE ÉPARPILLÉ QUI CONTRÔLE LA VIE ET LES OVULES LES MAINS JOINTES DERRIÈRE ELLE QUELLE GRANDE CETTE PERSONNE VIEILLE JEUNE BELLE SEULE QUEL ANDROGYNE IMBERBE FRIPÉ PEUT-ÊTRE IRA-T-IL VERS DES EMBOUCHURES VERS UNE PEAU PERPÉTUELLE N’AYANT PAS DE TERRE D’ACCUEIL PAS D’AUSSI CROISSANTES GAMÈTES D’AUSSI FOLLES BRASSÉES COMME LES DOIGTS DANS LES COUS DANS LES COIFFES PRIMITIVES DES NOCES ET DES PEINES TRIÉES BIENTÔT CHEVEUX RELACHÉS ÉLASTIQUES ROMPUS ÉPAULES DÉFAITES C’EST POURQUOI ELLE EST VENUE AVEC DES LANIÈRES DES CROIX QU’ELLE S’EST ENFONCÉE DANS LE COEUR UN COUTEAU ET QU’ELLE TRAINE PAR TERRE DANS LE HALL DES ARCHERS UNE JAMBE EN MYSTÈRE AU NIVEAU D’UN PACTE LAMINANT LE DÉLICIEUX PÉNIS D’UNE IDÉE FAUSSE LA FESSE TRANSPARENTE D’UNE PETITE AMIE ENFANTÉE DÉTOURNANT L’ŒIL D’UNE FOURCHETTE QUI LA DÉVORE ET LA FOUT TOUTE ENTIÈRE DANS LA BOUCHE DES ANTIQUES SPIRALES MÉLODIQUES DES GRILLONS DISPERSÉS STROBOSCOPES AFFÛTÉS POUR LA NUIT EXUVIE

 

 

Robin Decourcy - Marseille - 30 Décembre 2012
Téléphone homophone - Cia Rinne
 

 

 

 

Cia Rinne - Berlin - 30 Décembre 2012
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Valentina Traïanova - Paris - 30 Décembre 2012
From Ernesto to Angela - Marc Perrin
 

 

et c’est d’Heiner Müller la phrase une fois encore s’enroulant se déroulant car le beau veut dire la fin possible de l’effroi

et c’est amour et courage désir et joie et politique de Spinoza la phrase enroulée déroulée nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels

c’est de relire ici les mots écrits non sans conséquences aussi infimes soient-elles aussi infinies soient-elles images & mots & gestes se produisant dans ce que faire demande → dans → une espèce de compréhension par les actes éprouvant le cœur même de la production c’est-à-dire → poésie amour désir politique joie courage les formes de l’action ne viennent que par la nécessité de l’acte → aucune → phrase parfaite → aucune → vérité → aucun → geste achevé → et → mais → des fois c’est bon et puis des fois c’est

bon c’est encore une fois ni de bien ni de mal mais avec et bon et mauvais + considérations attentives à l’égard du rapport effort / plaisir qui peut nous être de quelque utilité pour accompagner notre mouvement nos mouvements et fortifier le courage & poésie d’amour & désir politique & joie et

c’est de lire les mots de certaines images que ma voix n’a jamais vues et de réactualiser quelques flux de parole affirmant ânonnant tâtonnant avançant une fois encore lyrique + matérialité du souffle = constance dans l’effort → conatus → persévérer → dans son être ou que sais-je affirmant → ânonnant → tâtonnant → avançant il existe une multitude disons une multitude de fils tendus dans l'univers reliant une multitude de points entre eux → disons → une multitude de fils tendus à travers le monde reliant entre eux une multitude de lieux et de corps → disons → une multitude de fils tendus dans chaque corps reliant entre elles une multitude de particules et → disons que la parole a lieu lorsqu'un certain nombre de ces fils tendus se frottent et entrent en vibration de manière à produire une chaleur qui se transforme en feu → disons → que les corps sont des lieux à l'intérieur desquels s'animent les particules disons que les corps sont des particules dont l'incessante activité modifie les lieux dans lesquels ils vivent disons que les lieux sont définis par la manière qu'ils ont → 1. d'accueillir des corps → 2. de se laisser modifier par eux → disons → que la parole est un corps impalpable que certains lieux accueillent disons que la parole est un lieu dans le temps que certains corps accueillent → disons → que la parole est modifiée par les corps et par les lieux qui l'accueillent en même temps qu'elle les modifie disons que les corps modifient les lieux disons que les lieux modifient les corps et disons que la parole est un corps et un lieu modifiant sans cesse les lieux et les corps → disons → disons que l'ensemble des corps modifiant sans cesse les lieux et que l'ensemble des lieux modifiant sans cesse les corps participent à la vie d'un monde sans cesse en reconstitution → disons que l'ensemble des mondes sans cesse en reconstitution s'ouvre sur l'univers disons que les particules sont des étoiles disons que les particules sont des atomes et maintenant traçons chacun dans l'espace un certain nombre de fils tendus entre un certain nombre de points et soyons très attentifs → aux frottements → entre les fils tendus → soyons très attentifs → à la vibration produite par ces frottements → la vie → de l'univers passe par cette vibration la vie de l'univers → passe par nos corps attentifs à cette vibration de fils tendus que chacun nous traçons → entre particules et corps et lieux et mondes → la vie → la vie de l'univers se déploie en nous par → l'attention que nous portons à la multitude des fils tendus → que chacun → nous tissons → la vie de l'univers se déploie en nous par l'attention que nous portons à la vibration produite par les fils tendus lorsqu'ils se frottent entre eux → cette vibration → lorsqu'elle a lieu produit à la fois un son et une chaleur la vie de l'univers se déploie pleinement en nous par l'accélération de cette vibration → car → si la vibration produit du son et de la chaleur l'accélération change la chaleur en feu et le son en parole → une → parole → constituée par un ensemble de fils tendus dont les frottements entre eux créent une vibration par laquelle un feu prend et se répand une → parole → passant par un corps et rejoignant une multitude d'autres corps → une → parole → traversant les corps mais ne s'y arrêtant pas → une → parole comme un mouvement incandescent à travers l'espace une parole comme un mouvement incandescent à travers le temps une parole comme une matière impalpable qui sonne le réveil → une parole comme une matière impalpable devenant palpable → une parole comme une matière en mouvement qui parcourt l'espace une parole comme une matière en mouvement qui pénètre l'espace → une parole comme une matière en mouvement qui parcourt et pénètre le temps une parole comme une matière qui se détache d'un corps une → parole → comme une matière qui traverse un corps une parole comme une matière qui devient un corps une → parole → comme un corps qui pénètre une multitude d'autres corps une parole comme un corps qui traverse les corps mais ne s'y arrête pas → une → parole → comme une matière qui se consume une parole en feu comme une parole en feu nécessaire au passage du temps → une → parole en feu nécessaire au passage d'un corps une parole en feu qui réanime les corps une parole en feu qui les attise une parole en feu qui en fait des aimants vibrant une → parole en feu qui donne aux corps ce qu'ils ne connaissent pas sans elle une parole en feu comme un corps en même temps entre et dans les corps une parole en feu comme un corps en feu une parole en feu comme un corps en feu une parole en feu comme un corps en feu s'approchant d'autres corps en feu → une → parole en feu comme un corps en feu une parole en feu comme un corps en feu s'approchant d'un autre corps en feu une parole en feu comme deux corps en feu → une → parole en feu comme deux corps en feu qui se touchent → et → maintenant → si ton corps est en feu c'est que tu t'approches d'un nouveau lieu si ton corps est en feu c'est que tu t'approches d'un autre lieu en feu si ton corps est en feu chaque lieu que tu approches prend feu → si à ton corps est en feu chaque lieu que tu approches est un nouveau foyer qui s'allume si ton corps est en feu le feu qui le consume consume toutes les vieilles matières → si → ton corps est en feu le feu qui le consume éclaire un nouveau corps si ton corps est en feu tu es un nouveau corps → si → ton corps est en feu tu es en train de naître si ton corps est en feu tu es → en train de quitter un corps en train d'en accueillir un autre si ton corps est en feu → tu → brûles avec le corps ancien si ton corps est en feu tu brûles dans la vieille maison et → avec → toi → brûlent tous les corps anciens si ton corps est en feu tu gardes la mémoire si ton corps est en feu tu es le cœur d'un nouveau foyer si → ton corps → est en feu tu traces un récit flambant neuf chauffé aux flammes de l'incendie des vieilles matières → si → ton corps est en feu tu transformes perpétuel en éternel si ton corps est en feu tu es l'impossible fil tendu par son incandescence vivant → en chaque point de l'espace où une naissance a lieu si ton corps est en feu je fais le récit de la vibration → émise → par le frottement des fils tendus à l'intérieur des corps par le frottement des fils tendus entre les corps je fais le récit depuis chaque lieu comme → depuis → autant de corps reliant les fils tendus entre eux dans l'espace et dont les frottements émettent des vibrations → je → fais le récit depuis chacun des corps comme depuis autant de lieux s'apprêtant à accueillir le feu → et → maintenant → disons que la parole ne nous traverse pas sans qu'une certaine violence nous affecte → disons → que la parole est le récit même de cet affect → et → disons → que la parole fait le récit de cette violence par laquelle un corps s'avance dans ce qui n'a pas jamais été dit → alors → disons que la parole troue le silence et modifie l'univers disons que le trou qu'elle fore dans le silence participe à former une image qui n'avait encore jamais été vue → disons → que la parole est le lieu de ce qui ne se laisse pas prévoir disons que la parole est un corps par lequel certaines images affluent → disons → que la parole tremble avec les temps imprévus disons que la parole forme des images par lesquelles elle rejoint le regard disons → que la parole → forme des images dans le feu disons que la parole forme des images → là où → le regard sans elle ne sait pas voir → disons → que la parole forme des images là où le regard sans elle se noie dans les larmes en répétant je ne comprends pas → disons → que la parole est un temps par lequel un corps se détache du je ne comprends pas → disons → que la parole se déploie dans ce qu'elle ne sait pas encore dire et parce qu'elle s'y déploie une jouissance en elle chante à tue-tête je ne sais pas mais j'y suis → et → maintenant → disons que si des larmes viennent encore à couler disons que ce sont des larmes qui pleurent le foyer premier le premier feu impossible à connaître sans la parole disons → que si des larmes viennent encore à couler ce sont des larmes qui pleurent après la consolation d'avoir connu la parole après le premier feu → si → des larmes viennent encore à couler ce sont des larmes en un certain sens qui pleurent l'innocence qui ne vieillit pas → un corps en feu ne pleure pas → un corps en feu se détache de l'innocence → un corps en feu ne vieillit pas → il brûle → et

c’est d’une lutte contre tout stade final contre toute idée tordant le réel pour son règne d’idée c’est → de la compréhension du pouvoir insatiable des images et de la nécessité de la lutte c’est → de la mise en regard de mots tel que adulte qui a grandi avec adolescents qui est en train de / grandir et de la tension de l’un à l’autre qui demande vigueur ou et apaisement → c’est → de ce changement de ta voix et de ton corps et de ton être en cette période instable c’est → de cette voix qui devient plus grave puis de ce geste léger je pense que les femmes ont des gestes plus longs, elles vont plus loin dans l’air, c’est comme ça qu’elles volent c’est → de la guerre à la perfection et à l’image seule et parfaite et arrêtée = morte et maintenant → c'est de remplacer le mot image par ce qu’il te semble nécessaire de produire par le commun → c’est → d’une fracture et d’un inaudible je veux être entendu veux être entendue nous voulons → être entendues et entendus c’est de la clarté d’un passage et d’une affirmation → c’est → de la réalité qui fait que rien ne peut cacher ce passage vas-y → définis → ce passage → c’est → par la voix de l’enfant c’est par la voix de l’être sans parole et de la nécessité de → cette parole c’est → de la formation de cette parole c’est de la joie liée au bouleversement d’une vie par l’énonciation et par l’acte c’est de la joie liée à l’affirmation c’est → du changement de la voix et de la prise de parole et du geste c’est → donner à la vie

c’est une gare tgv grande vitesse les trains s’y arrêtent sur le quai c’est une robe transparente et l’indécence et ou le délice ou et la naissance d’un

amour c’est un enfant qui demande à mourir dans les corps pétris par la peur et dans les corps mus par la joie c’est un enfant qui demande à vivre c’est → à l’enfant la fidélité que nous lui accordons c’est l’émotion dans la tension fidélité / trahison c’est la chrysalide une cigale dans le jardin de → x → x → x → à → z → z → z  → c’est → une abbayah ouverte sur le ventre et les cuisses et le sexe dans l’air brûlant de l’été c’est dans le jardin de → devant → la maison → sur le quai → la transparence légèreté d’un tissu plus fin ce n’est pas possible plus fin tu es nue c’est une chambre c’est → ce que nous n’avons pas connu c’est faire et défaire l’enfant c’est former déformer un corps à le grandir à l’agrandir à grandir avec → c’est → ta voix qui n’a que trop connu les inclinaisons aux graves c’est la transformation en adulte imparfait c’est → pour la reproduction de l’espèce le savoir n’est rien face à la réalité même de l’expérience des corps en train de vivre et comprendre c’est

celle celui & celles & ceux à qui ces mots sont adressés → un garçon → jeune prince quelconque → une princesse → fille jeune femme c’est → quelques flammèches → tissées par l’entrelacement de quelques mots ce sont → phrases ou et jeunes filles et mots ou et garçons et ou femmes et ou princes et princesses en même temps → tresses → de leurs cheveux → se défaisant → tresses de leurs cheveux écrivant la partition d’un chant → ce sont → les sirènes et la nécessité d’un corps inédit → singulier → pluriel → masculin féminin ce sont → les phrases du jeune garçon quand il cherche à savoir qui elles sont → ce sont → les pensées qui s’entrelacent quand il les sent en mouvement quand il se sent à l’approche d’un corps c’est → l’approche d’un corps → ce sont → les pensées qui s’entrelacent quand il sent qu’elles sont dans le mouvement d’une parole vers → quelque chose → comme la formation d’un corps c’est → princesse prince ne désigne jamais personne que celle celui qui veut prendre la place en premier → c’est → ce sont → rivales rivaux ne sont jamais loin princesse prince ne signifie rien que la bête → première → ensemble de pensées et d’actions à l’approche d’un corps désiré ce sont → les phrases d’une bête quelconque les phrases en elle qui se forment lorsqu'elles animent actions et pensées de l’approche → ce sont → simultanément les gestes et les phrases = actions et pensées nécessaires à tout corps pour qu’il prenne place → ce sont → les phrases en lui qui se forment quand elles sont nécessaires à la mécanique → d’un corps en action → ce sont → jeunes filles femmes phrases mots jeunes garçons en approche → tous → bientôt → n’ayant plus accès à rien de la mémoire qui les renseignait sur ce que fut leur innocence et ou leur virginité ou et leur enfance → oui, où est-elle → ce sont  → les phrases en lui les phrases en elle au dehors d’elle et de lui les gestes se formant dans la durée → par laquelle → devenant femmes se produit pour les jeunes filles un adieu à quel pluriel commun je ne comprends pas ce que tu dis mais je ne pars pas en courant c’est → l’instant par lequel muqueuses devenues épaisses éclairent ou aveuglent l’instant où tu me vois perdre ma voix d’enfant → chacune → singulière → singulier → chacun → tandis des nouveaux corps sont en formation l’énonciation devient possible → voix & gestes → énonciation de ce que le désir produit en chacun de nos corps se formant → instant → et → ou → durée → où → chacune chacun oubliant peu à peu ce que furent nos corps d’enfance ou d’enfant → chacune chacun cheminant vers cet autre fut-il bête quelconque → il → ou → elle → est désirable c’est

→ ce sont → chère angela → encore un ou deux efforts avant l'émancipation → avec tout mon amour → ernesto,

 

 

Marc Perrin - Nantes - 30 Décembre 2012
Enquèsta 1212 - Olivier Lamarque
 

Olivier Lamarque - Toulouse - 30 Décembre 2012
En Europe, aujourd'hui - Gilles Weinzaepflen
 

 

1.

En Europe aujourd'hui tout le monde a un corps
Cela n'a pas toujours été le cas
Il n'y a pas si longtemps
Certains en Europe manquaient de corps
On ne les voyait pas à la lumière du jour
Ils entraient en transparence
Parfois on pouvait croiser
Un Européen de sa connaissance
Sans le reconnaître
On disait j'ai senti quelque chose comme
L'air qui circule entre deux fenêtres ouvertes
D'un bout à l'autre de l'appartement
Et moi au milieu avec mon corps

Aujourd'hui l'Europe est à tous 
Chacun possède une place et un corps pour l'habiter
Les noms de Dieu y cohabitent très bien ensemble
Le tueur d'Oslo n'aura pas le dernier mot
Partout dans le monde Dieu est issu de la même origine
Lui-même est sa propre origine
Il parle toute langue porte tout vêtement
Mini-jupe ou voile intégral
Survet jean troué djellabah ou costume
Continent boubou tunique d'une seule pièce
Mais nous avons-nous l'esprit de corps
L'Europe n'est-ce pas une maison de couture
Qui défait les coutures

 

 

2.

Une nouvelle ville une capitale manquante
La capitale de l'Europe bâtie quelque part
Dans une campagne quelconque
Une ville de plus d'un million d'habitants
Des immeubles habités des rues animées
Des voies rapides un centre historique
Un faux centre historique
On l'appelle Eurocity ou bien Euroville
Europe-town ou Eurotown
C'est au bord de la mer en plaine ou bien en altitude
Avec un calendrier pour les piétons
Pour aller à la piscine vous prenez
La place du 12 juillet 1926
Vous suivez l'allée du 4 mars 1958
Vous remontez l'avenue du 26 décembre 1832
À votre gauche vous verrez une statue
C'est là que part le boulevard du 2 juillet 1947
Ensuite c'est tout droit 
Le bonnet de bain est obligatoire

 

 

3.

Le 7 juin 1392, un colporteur se rendit auprès du roi de France pour lui racheter ses frontières. Comme le PIB du royaume était au plus bas, que les caisses étaient vides et que la dette explosait, le marché fut conclu au prix de cent ducats de l'époque, soit environ 27 euros. Le colporteur repartit avec les frontières de France, auxquelles s'ajoutèrent bientôt d'autres frontières de royaumes plus petits et plus pauvres. Il loua un garage abandonné pour les entreposer et mourut bientôt sans laisser de descendance. Ce n'est que tout récemment qu'un jeune artiste en quête d'atelier découvrit ce vieux stock de poussière et décida d'en faire quelque chose. Mais peut-on créer une œuvre d'art à partir des frontières?

 

 

4.

Tandis que vole en éclat chez les voisins du quatrième
Une assiette du 18ème siècle
Qui représente un paysan et sa charrue
Regardant les sillons tordus  
La radio diffuse un avant avant dernier tube
La mondialisation de la crise de l'Europe
Commence dans cette cuisine où les voisins se disputent
L'assiette du 18ème siècle se brise contre un micro-onde
Dont l'obsolescence est programmée
Ces deux-là n'ont rien compris à la banque d'escompte
Aux prises de position de l'Allemagne sur l'euro
« Sauver l'euro de notre couple si nous voulons rester ensemble » dit l'homme
« Je ne veux pas finir comme l'Espagne dans tes bras » dit la femme

Quand le tube de dentifrice se bouche
Est-ce la crise mondiale ou bien
La pâte
Faut-il changer de dentifrice ou
Changer de crise
Peut-on faire ce mouvement
Effectuer cette conversion
Quand on est habitué depuis si longtemps
À la mauvaise qualité de la pâte

 

 

5.

Aujourd'hui sans crise mondiale tu n'es rien
Tu n'existes pas aux yeux des autres
Si tu n'es pas porteur d'une petite crise permanente
Dont l'échelle est mondiale
On ne parlera jamais de toi dans les médias
La poésie te rejettera
Une crise toute personnelle à laquelle on ne comprend rien
Mais qui te permet d'échapper au tragique de l'effacement
Une crise faite pour durer
Qui génère de l'activité et du discours
Qui permet aux directeurs d'agir comme bon leur semble
Sans demander conseil à personne
Nul n'étant expert nul ne sera tenu pour responsable
Dieu n'intervient pas dans les affaires du monde
A moins qu'un homme ne se connecte avec insistance
Pour ébranler de Sa force le cours des choses
Pourtant c'est Lui l'unique expert
Celui auquel le paysan du18ème siècle demande
Pourquoi on brise son image en porcelaine
Contre un micro-onde bientôt démantelé en Afrique
Dans les faubourgs d'Accra

 

 

6.

Il n'y a pas de travail ici avant il y avait du travail maintenant il n'y a plus de travail il faut partir de ce village il faut chercher du travail ailleurs je suis né ici j'ai grandi ici mon père est né ici j'ai toujours habité ici mes oncles mes tantes tout le monde vit ici maintenant on ne peut pas rester dans ce village il n'y a pas de travail il faut chercher du travail ailleurs on ne peut pas gagner de l'argent je vais chercher du travail ailleurs quand j'aurai gagné assez d'argent j'enverrai tout l'argent à ma famille

 

 

7.

Dans son garage en ruine, l'artiste décida de teindre les frontières en indigo pour les unifier par la couleur. Ça ne marcha pas très bien: certaines frontières se sont dissoutes dans la préparation, d'autres ont gardé leur teinte d'origine. D'autres encore se sont ramollies à cause de la réaction.

 

 

8.

Berceau de la civilisation des sandwichs grecs
Dette colossale laissée au Parthénon
Salade Tomate Oignon (STO)
Service du travail obligatoire

Une fourchette atteint le bord de la table
Tous les i de l'Italie tremblent
La patte d'un ours révolutionnaire griffe l'Europe
Qu'est-ce que la peur sinon de l'autre

La Grèce au sens Péloponnèse au sens non gras
Entre le tissu et le corps gras
Entre les dents et l'estomac
Flux et reflux des capitaux

Une déesse émerge nue des flots
Ses cheveux noirs sur un lac vert
Je suis pour toi ce que jamais
Je ne désire savoir

La volonté de coudre plutôt que d'en
Découdre unir ou bien nous opposer
Les uns aux autres ou bien
Conjuger nos forces

 

 

9.

Toute ma famille est ici mes amis mes oncles mes tantes tout le monde vit ici je me dis parfois il vaut mieux que je reste je ne sais pas si je vais trouver du travail ailleurs il vaut mieux attendre ne pas bouger de ce village maintenant ce n'est pas possible de rester on ne peut pas gagner de l'argent on ne peut pas nourrir sa famille il faut quitter ce village je dois partir de ce village je ne veux pas monter dans le bateau mon oncle est mort sur le bateau il ne savait pas nager le passeur n'a rien fait pour le sauver il a pris tout son argent

 

 

10.

Sur les murs aveugles
Sur les cages d'ascenseur
Sur le parapet des ponts d'autoroute
Je tague ton nom Europe

Sur les rideaux métalliques des magasins
Sur les camions de livraison
Le long des voies de chemin de fer
Je tague ton nom Europe

Sur le mobilier urbain
Sur les wc publics Decaux
Sur le TER le RER sur tout moyen de transport
Je tague ton nom Europe

Avec des bombes qui n'explosent pas
Des fontaines de couleur pulsée
Argent fluo ou or
Je tague ton nom Europe

Je le tague avec la maladresse d'un débutant
Qui dirige mal le jet de couleur et commet
Quelques coulures sans gravité
Tandis qu'un voisin appelle les flics

 

 

11.

Dieu tout te ressemble
Tout est si différent de toi
Il faut du temps pour qu'à ta ressemblance
Nous soyons associés
Nos ongles rabotés
Et nos angles limés
Est-ce toi le père de l'Europe
Le père de nos frontières
Est-ce toi qui les amène à disparaître
Pour nous porter près des autres
Au-delà de nous-mêmes


L'artiste a été expulsé de son garage. Comme c'est un ami, je garde ses frontières en attendant qu'il trouve une solution. La nuit, je les entends qui remuent dans la douche. Certaines poussent de petits cris très étranges et très brefs, comme des chats pré-pubères, des canaris qui auraient perdu leur chant.

 

 

12.

France Belgique Autriche Luxembourg
Portugal Espagne Irlande Angleterre
Pays-Bas Danemark Estonie Lituanie
Lettonie Finlande Slovaquie Slovénie
Pologne Suède République Tchèque Espagne
Bulgarie Grèce Luxembourg Finlande
Portugal Chypre Slovaquie Malte
Italie Lettonie Hongrie Roumanie
Pays-Bas Danemark Estonie Lituanie Croatie

Certains pays figurent plusieurs fois sur cette liste des pays membres. Ce n'est pas grave, il y a de la place pour tout le monde. Il suffit de se serrer un peu, replier un bras, un membre. Faire une cure d'amaigrissement.

Le tourisme mental que provoquait la poésie désuette de la monnaie, juste avant l'euro.

Un soleil spécifique se reflétait sur les pièces de 100 lires. Les trois syllabes de pesetas, pour un voyage en Espagne sans jamais nous y rendre. Le shilling, vert comme un Loden, comme une culotte tyrolienne. Le franc, ludique, léger. Le deutsche mark, fidèle au poste.

Pour combien de temps encore les zlotys polonais seront associés à des femmes portant des robes longues et fleuries, d'amples ménagères fabriquant des gâteaux extrêmement copieux, dansant sur la place principale d'un village global, où un homme à la peau noire venu d'un pays où la terre est rouge, ayant dérivé de longs jours en radeau, en canot, en rafiot, en bateau, en cargo, en paquebot, chariot, chameau, traineau, bouricot, tacot, vélo, moto, auto, métro, s'éveille devant un guichet fermé et se demande s'il trouvera une place, quelque part en Europe, un matin du 21ème siècle.

 

 

 

Gilles Weinzaepflen - Paris - 30 Décembre 2012
Éclat du sensible (# 8) - Christophe Manon
 

 

 

, c’est ici toutefois que le dispositif se déploie, laissant s’épanouir dans la lumière accrue des paradigmes dont l’inflexion est aussi délicate que le trait d’une virgule. Ce que nous partageons là, quoi qu’il puisse advenir, ne disparaîtra pas. Peut-être même que le style

est superflu dans un semblable cas. C’est une énergie dont l’instabilité, parfois, entrave notre amplitude et il se pourrait bien qu’elle se déchire

sous l’effet conjugué de nos plasticités. Je connais tes désirs comme tu connais les miens. Pourquoi, dis-moi,

puisqu’il en va de même, ne pas laisser leur urgence réguler notre comportement ? Ce soir encore

je goûte avec plaisir des produits illicites. Il en est dont les propriétés sur mon cerveau stimulent

les facultés grammaticales ainsi que ma rigueur topologique. Il me vient une sorte de musicalité dont la cadence mineure vibre à mon oreille inexplicablement. Sa mélodie est alors

requise par une série singulière d’injonctions qui la somme de révéler sa fréquence. Elle semble avoir un rythme qu’en d’autres circonstances

je ne lui connais pas. Je ne puis cependant m’y fier aveuglément et c’est au fond très peu que je concède à l’organisation

de son vocabulaire. Ce ne sont pas des voix
que j’entends mais bien le bruit du temps

qui soudain s’organise et pour autant que je sois réceptif, j’en perçois les violentes secousses comme des coups portés à mon intégrité. Et même

s’il peut m’arriver d’user de tels artifices, je reste vigilant et jamais je n’oublie quelle est leur vocation première. Mais je dois bien admettre qu’en terme de syntaxe,

l’afflux se fait plus librement
et le texte s’écoule
ainsi qu’un flot tranquille.
Comment veux-tu
que je n’insiste pas

quand dans un tel moment les proportions s’inversent et plus rien ne retient

le mouvement obstiné de la phrase ? La méthode a du bon quoiqu’elle comporte un indéniable risque de perte de contrôle et que je sois propulsé à très grande vitesse sur des corniches à pic où le vertige

en permanence menace de me faire culbuter. Dans une telle pratique, le physique aussi est à contribution. Il faut de l’endurance et presque

une condition d’athlète pour ne pas s’épuiser au-delà de ce que le corps est en mesure de tolérer. Tout cela je le sais et c’est pourquoi parfois

je me délasse à la façon d’un végétal après le passage tumultueux d’un orage. De la sorte, je reprends

force et ma vitalité s’amorce,

prête à recommencer le cycle et à prendre à nouveau la direction de crêtes d’où la vue dégagée offre à mes sens un panorama inédit. Mais lorsque tu caresses mon torse essoufflé ou lorsque tu m’enlaces, il se passe

un phénomène d’une telle intensité que je suis soulevé et je prends mon envol

vers des espaces situés bien au-delà du sol. Une fois de plus, c’est dans la descente que guette la menace et qu’avec prudence il faut que je manœuvre. De même, j’en ai la conviction, nos rêves se rejoignent la nuit

en un endroit secret et s’entretiennent en silence avant de s’effacer et de céder la place à d’autres accointances. Cependant ces élans

me paraissent souvent aussi inconsistants qu’une bulle

glissant sur la surface d’une onde agitée par la houle. Je voudrais leur donner un tour plus vigoureux, mais je bute et trébuche

et les mots que je t’adresse alors se dissolvent

dans l’air. Toutefois, mon esprit alerté par de soudaines décharges s’emballe et succombe à la violence

de pareils transports, tentant de saisir au passage de brèves intuitions dans une langue inédite et dotée d’un moteur

cylindrique à combustion interne. Par une suite chaotique d’accélération et de freinages, elle parvient au séjour précaire où la parole se matérialise en silence. Quel est cet impérieux besoin de rechercher toujours

dans les sphères lointaines une invisible trace de notre altérité ? Comme si désespérément nous tentions de flirter avec d’autres

espèces et de les rassembler sous le soleil abstrait de notre convoitise. N’est-ce là qu’un effet de notre démesure ou n’est-ce pas plutôt de nous-mêmes que nous sommes en quête ? C’est peut-être

que le lointain se tient dans la proximité et que ce qui diffère n’est souvent qu’un semblable qu’on n’identifie pas. Ainsi nos appareils dans leur complexité n’ont d’autre faculté que d’explorer le même. Au ciel

je ne vois rien qu’un bleu irréfutable ou bien le noir épais de la nuit qui s’allume. Point de grâce au-delà ni même le reflet d’un espoir insensé. Mais je ne souhaite pas pour l’instant

prolonger l’hypothèse, ayant le sentiment diffus de m’engager sur une voie qui n’offre pas d’issue. Trop souvent nous courrons après de vieilles lunes et des songes faciles et soudain

nous voilà dans l’impasse, buttant contre une invisible paroi. Car il ne suffit pas de tendre à exposer les faits pour trouver aussitôt matière

à les consolider. Ce soir,

je doute même de leur réalité et je peine à maintenir le cap que je m’étais fixé. Mais cela aussi

 

 

 

 

Christophe Manon - Paris - 30 Décembre 2012
Du haut du mont Gurugu - Marie Bouts
 

Marie Bouts - Lille - 30 Décembre 2012
Chez Moi III (extraits) - Ian Monk
 

 

(…) et puis plus tard ce soir
quoi encore tiens du rosé en écoutant la
BBC qui raconte le nouveau cessez-le-
feu au Moyen-Orient c’est bien après la
terrible défaite subie par l’équipe anglaise de
cricket en Inde encore une fois non mais ça co-
mmence à bien faire quoi
la table tu vois est si comme
-nt dire cradingue quoi ben oui tout simplement co-
mme l’intérieur de mon désir d’une vie homme /
femme avec tout ce que ça implique tiens t’ima-
gines un peu le bordel non mais alors que la
radio chante maintenant ses histoires d’amour
toute seule dans le vide oui tout simplement un corps
puis un autre qui forment donc un troisième pour
faire quoi de sa vie si brève dans un film de gore
mis en scène par un bon dieu et un diable
de mèche depuis la plus belle des lurettes si ça
a un sens quelconque dans cette langue capable
de tout et n’importe quoi et surtout nota-
mment rendre pompeuses les choses faciles comme l’amour
justement ou tout simplement baiser quoi
la
parole ouvre encore la bouche à tout à toi pour
dire quoi un truc tendrement ridicule comme d’ha-
b comme par exemple non je te citerai
même pas je t’avais promis quelque chose c’est vrai
comme quoi je n’allais rien dire vraiment de toi et
moi dans mes écrits comme si toi et moi éti-
ons éternellement les anonymes de la farce et
le monde tournicotât là comme il pût sans nous si
possible sans qu’on se foutât de quoique ce soit
avant le croque-mort
tiens si t’as soif y a du
jus d’orange pour couper ta vodka
et si toi
tu veux par exemple tout bêtement tiens tu
vois ce que je veux dire écouter la radi-
o oui tu vois le truc que tes parents mettaient
le dimanche alors qu’ils faisaient quoi ben i
ls fignolaient le rôti par exemple bai-
saient en cachette sinon s’engueulaient comme des poi-
ssons vivants et gigotants vlan dans l’égouttoi
r droit devant ton nez mais quelle sale race les pro-
duits de tout ce qui fout là encore ouais l’amour a-
pparemment dans toute sa splendeur crassemment to-
talement ça (…)

 

 

 

Ian Monk - Lille - 30 Décembre 2012
 

 

Avec la participation de Marc Têtedoie et Arnaud Van Audenhove.

 

Elise Lerat - Nantes - 30 Décembre 2012

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