Cette question est simple.
Carole, on va te poser une question simple.
Carole, peux-tu répondre à cette question : WHAT-IS-A-BOY ?
Chhh… Ecoutez… On se tait dans la salle ! Les gens font du bruit, tu sais, Carole, les gens font du bruit parce qu’ils n’écoutent pas, parce que souvent, ils ont peur des réponses. Tu sais ça. Allez.
Carole? (…) Ça va? (…) Allez. Qu’est-ce que tu as, tu es toute chose… Ah. Tu penses. Quoi ? Mais tu murmures… mais… mais c’est à peine audible Carole, fais tout de même, fais un petit effort tout de même, non ?
A boy is…. is…. is what? Is…. Wild?
Comme ça que tu vois les choses.
C’est bien. Go on.
A boy is (cold) is… a cold question. C’est une question très froide. On dirait que tu parles d’un certain souvenir.
On va mener, si tu veux : Une enquête. Inventons une méthode. Une enquête sociologique, des statistiques humaines. Tout ça sur ton vécu intérieur.
A--lors
Comment faire ?
Nous posons des questions. Carole, tu réponds. C’est une aventure extraordinaire. Comme face au soleil. Yeux grand ouverts : c’est périlleux. Carole : comment on va faire ?
A--lors A--lors Carole, qu’est-ce-que-tu-en-penses? Tu peux t’exprimer. Tu as mis des bracelets, oui, c’est bien. C’est bien Carole. C’est très joli au son. Vas-y, personne ne regarde. Nous avons peur pour toi. Tu peux tout dire. Euh non. Tsss... Nan nan nan… pas la main dans les cheveux… Pas gratter cuir chevelu… C’est misère…. pour la pensée. Nan. Non. Tu es encore sous garantie. Prends confiance. Stop smoking.
Est-ce que certains, dans la salle, est-ce que certains sont particulièrement… sensibles à leur environnement proche ?... réactifs ? émotifs ? (des éponges ?) Est-ce que les éponges, please, peuvent sortir ? Parce que bon. Parce que les éponges, bon. Il ne faudrait pas qu’on nous la déconcentre, Carole. Oh j’en vois une, là… dans la salle… Oh mais madame… What is a boy… Ne pleurez pas madame, enfin… C’est une simple question… Nous ne voulions pas… Voyons mamie séchez vos larmes oh regardez comme elle est mignonne…
[ndlr].
Nos souvenirs, dilués dans les rivières, prennent la forme de questions.
Nos souvenirs, sous la forme de petits cailloux, dessinent au creux des rivières des lignes d’idées,
des réponses tout aussi approximatives que toutes les questions de départ, qu’on retrouve
à l’envers, à l’arrivée.
Nous sommes face à nos souvenirs comme face à notre impuissance première. Et souvenirs
et impuissance : nous les aimons.
Nous continuerons à courir au-devant de nos souvenirs comme au-devant de notre ombre, croyant
que nous échappons aux coups du soleil, tandis qu’il nous cerne, de questions.
Bon.
Carole ! Carole ? Où est passée Carole ?
Ah. Voilà Carole. Elle expérimente une tentative de brasse. Une vraie coulée au sol. C’est une tactique, comme une autre. Ça s’appelle comment ? Qui connaît cette tactique ? C’est l’esquive ! dit le monsieur aux bretelles de pantalon très distendues… Hum nooonn… pas tout à fait… mais ça brûle… Qui le sait ? Qui a déjà fait ça couler vers le sol devant une question froide ? Ah bon ? On a tous fait ça ? Comment ça s’appelle alors ? Oui Madame ? Là, premier rang, la violette au chapeau ?
OUI ! Bra-vo : Une écha-ppa-toire !!! Tout cela est très beau.
Alors. On repose les bases. On persévère, on ramène Carole sur terre. On repositionne.
Alors voilà Carole : tu RÉ-PONDS à la question. Qu’est-ce que tu en penses ?
Tu chaispas ?
Comment ça tu chaipas ?
Mais enfin… What is boy… tu peux pas nous faire ça !
Maiiiiis non ! A boy n’est pas du tout (un cheval bleu) ! Enfin reprends-toi Carole ! Mais qu’est-ce que tu racontes ?
Fais un effort sur la matière. Cherche bien. Ton cœur qui pense, il est passé où ? N’aie pas peur. Remonte un peu vers nous. Oullah tu t’en vas. On perd Carole, là. Il y a peut-être plusieurs sortes de réponses. Des réponses où se cache un endroit bien tranquille pour ouvrir ta tête, non ? Des réponses avec ombre. Des réponses-souvenirs : qui ne veulent rien. C’est comme tu veux, Carole. C’est toi qui décides. On fait comme tu dis. Regarde… Le calme tendu. Personne n’écoute de toute façon. C’est comme d’habitude. On a l’habitude. Ça ne fait même plus mal. On parle pour rien, c’est pas grave. C’est joli. Ça fait des poèmes. Tu voudrais pas faire un poème ? Fais un poème Carole. Les gens aiment bien les poèmes. Ils pensent que ça parle de rien. Surtout les poèmes de filles, tu sais ça, Carole. Ils entendent pas bien les poèmes, les gens. Ils entendent moyen toute façon. Sauf certains, peut-être. Quand ils entendent, ça se voit. Ça nous chauffe, ça fait du bien. Détends-toi ma chérie. Chut. Mais non tu parles pas toute seule. Mais non. Qui c’est qui parle toute seule ? Chut... Ça n’existe pas…Tu parles à moi. Allez tais-toi va. Ta voix, c’est comme mon ombre. C’est beau, ça. On va quand même pas devenir tristes, Carole, hum ? toi et moi... Chhh… Oh mais… pourquoi tu pleures… Oh mais non… On va pas être tristes… Regarde… On te voit tout bien, là. Tu remues tes mots pour des choses juste des boys qui voyaient pas bien…
Chut… Allez on dort... C’est pas grave c’est passé Allez. C’est pas grave de toute façon tout le monde est parti… Ma petite caille dorée… Hum… Allez… regarde tes bras blancs…
Tu es toute fatiguée… peut-être… c’était pas le moment ?...
On va dormir... On fait une petite sieste
et hop,
au dodo.
Au dodo Carole On verra ça
On verra ça demain
(crédits photographiques - baignoire par Willy Roch).