Les scènes idéales - Lucie Taïeb
 

 


Nous étions les adorateurs obscurs de la vérité

Quand ton cœur est plein, il déborde

Si ta race est déchue, il n’y en aura pas d’autre

Nous avions le regard brillant des fanatiques

Quand ta bouche est pleine elle déborde

Si tu es le dernier on t’enfermera seul

Nous déguisions notre cruauté

Si ta main est pleine, serre le poing

Ta descendance ne remontera pas le fleuve

Notre dévotion

Si mon poing est en sang ta mâchoire est en feu

Ne regarde jamais derrière toi

Notre cruauté

Quand  ton cœur est plein il explose

C’est par devant que viendra la mort

Nous aurions supplié la nuit et heurté nos genoux nus à la pierre la plus froide pour voir advenir en ce monde corrompu une parcelle de la vérité infinie qui submergeait nos sens

Si ta mémoire est pleine, les souvenirs envahissent ton corps,

virus malfaisant, et détraquent, lentement, sûrement, le

mécanisme intime de ta biologie ainsi

putain

se déploient les anomalies visibles et invisibles, ta cicatrisation

défectueuse la mauvaise circulation de ton sang l’odeur délétère de ta

bouche malgré une hygiène dentaire

putain

Par derrière la clarté d’une aube oubliée

irréprochable

explose

, je flotte

Nous aimerions tant que vous

Le monde autour de moi est flou

Si tu es le dernier ferme la porte avant de sortir

explose

la jouissance n’est pas une maladie

Putain : je

succombiez sans résistance aux pures blessures de la lumière

contagieuse

 

 

Lucie Taïeb - Paris - 16 Janvier 2012
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